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Les armées étrangères en Afrique: vers une compétition stratégique

Depuis près de deux décennies, le continent africain assiste à une concentration de forces militaires étrangères sur son sol. La lutte contre le terrorisme et la défense des intérêts commerciaux et économiques sont aujourd’hui les principaux moteurs des interventions étrangères en Afrique. Les puissances occidentales ne sont plus les seules à tenter d’affirmer leur influence sur le théâtre africain.

Alors que la bataille anti-jihadiste que les forces françaises de « Barkhane » mènent en Afrique s’enlise, le président français Emmanuel Macron a proposé de réexaminer la stratégie militaire de son armée au Sahel. L’une des options étudiées consisterait à mettre en place une coalition franco-européenne pour combattre ensemble avec les autres Européens le terrorisme en Afrique. Si cette option devait se concrétiser, cela augmenterait les effectifs des armées étrangères déjà présentes sur le sol africain.

Une présence qui n’est pas sans susciter des débats au sein des populations locales, comme en témoigne la montée du ressentiment anti-français dans les pays sahéliens abritant des bases militaires françaises.L’Union africaine (UA) ne voit pas d’un très bon œil non plus l’accroissement de la présence militaire étrangère dans ses pays membres. La Commission de la paix et sécurité de l’UA appelle depuis plusieurs années les gouvernements africains à faire preuve de « circonspection » lorsqu’ils signent des accords autorisant les États étrangers à installer des bases militaires dans leurs pays.

Dans la suite du passé colonial du continent africain, les armées occidentales ont continué à jouer un rôle primordial après l’accession à l’indépendance de leurs anciennes colonies dans les années 1950-60. Ceci a été particulièrement vrai pour la France. Perçue comme le « gendarme de l’Afrique  », elle a été pendant longtemps la seule puissance à maintenir des troupes sur le continent, à la faveur des accords de coopération militaire ou de défense signés avec ses anciennes colonies. Pendant la période de la guerre froide, la présence de l’armée française a permis de maintenir les pays africains francophones dans la sphère d’influence occidentale. À partir des années 1990, le souci de la défense des intérêts nationaux doublé des impératifs de la guerre contre la piraterie maritime d’une part et le terrorisme d’autre part ont conduit les pays occidentaux à renforcer leur présence sur le continent. Les puissances émergentes n’ont pas tardé à les rejoindre dans un jeu d’influences inédit, reflétant le rapport de forces géostratégique dans le monde.

L’Afrique est-elle en passe de devenir un nouvel enjeu militaire ? Quels sont les pays de provenance des militaires étrangers présents en Afrique ? Combien sont-ils ? Quelles sont leurs missions ?  Éléments de réponses, en commençant par la France et les États-Unis qui possèdent des dispositifs militaires les plus élaborés et structurés sur le continent africain.

Le dispositif militaire français en Afrique

Emmanuel Macron sur la base militaire de Djibouti, le 12 mars 2019. © Ludovic MARIN/AFP

« L’Afrique subsaharienne est un espace stratégique important pour la France, en raison de notre proximité politique, géographique et culturelle, de nos intérêts stratégiques sur le continent et des crises ouvertes qui en menacent la stabilité », explique le ministère français des Armées sur son site consacré aux interventions militaires de la France dans l’Afrique subsaharienne.C’est précisément pour mettre fin à la menace que les jihadistes qui occupaient le nord du Mali faisaient peser sur l’intégrité du pays, que la France lança le 11 janvier 2013 l’opération « Serval », avec 1 700 soldats, des avions de combat et des hélicoptères.

« Serval » a été remplacée depuis le 1er août 2014 par la force « Barkhane » composée de 4 500 soldats et dont le périmètre d’action a été étendu au-delà du Mali pour couvrir l’ensemble de la bande sahélo-saharienne, comprenant cinq pays de la région, à savoir, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad. Si la capitale tchadienne N’Djaména accueille le quartier général de la force Barkhane, celle-ci dispose de bases provisoires disséminées sur les autres pays de son dispositif, dont notamment la base de Niamey qui fait office de « hub aérien » abritant des avions de chasse et des drones. « Barkhane » a pour mission de mener des opérations contre le terrorisme et le crime organisé dans la bande sahélo-saharienne, en attendant la montée en puissance et l’opérationnalisation de la force conjointe G5 Sahel créée par les cinq pays sahéliens.

Outre les contingents déployés dans le cadre des opérations extérieures temporaires (Opex) comme l’opération « Barkhane », le dispositif militaire français en Afrique est officiellement constitué de deux bases opérationnelles avancées, soit les Forces françaises stationnées à Djibouti (1 450 hommes) et en Côte d’Ivoire (900 hommes), et de deux anciennes bases rétrogradées en « pôles opérationnels de coopération » à vocation région...   

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