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De la prostitution à l’indépendance financière, le combat de Micheline Tuyihayagize

Contrainte de se tourner vers la prostitution pour subvenir aux besoins de ses enfants, Micheline Tuyihayagize se distingue parmi les rares femmes dans cette situation qui ont réussi à concrétiser leurs projets entrepreneuriaux. Elle génère des revenus sur le marché qui lui octroie la possibilité de subvenir aux besoins de logement et d’éducation de ses enfants sans recourir à une assistance extérieure.  

Elles sont celles qui ont été en grande partie abandonné par leurs maris d’une part et d’autre part des jeunes filles au chômage qui sont venues des provinces vers la capitale économique (Bujumbura) à la quête de l’emploi. Ramassées par certaines organisations humanitaires et entrainées à l’entreprenariat pour leur donner de l’espoir.

Micheline Tuyihayagize fait partie des femmes qui ont reçu un soutien financier d’un million de francs burundais de la part de Solidarité des Femmes Burundaises pour le Bien-être Social et le Progrès (SFBSP-Burundi) pour démarrer leur entreprise. Après avoir été abandonnée par son mari alors qu’elle avait déjà quatre enfants, elle a été contrainte de se tourner vers la prostitution pour subvenir aux besoins de sa famille.

À l’âge de 30 ans, habitant dans le quartier Kinama de la commune Ntahangwa à Bujumbura, elle était parfois forcée d’avoir des relations avec plus de trois hommes en une seule soirée pour assurer la survie de ses enfants. Pour elle, il n’y avait pas d’autre option. « Je n’avais pas d’autre choix, ma seule préoccupation était la survie de mes enfants », exprime-t-elle avec regret, ajoutant que « cela était une source de honte pour le quartier ».

De la sensibilisation à la réussite, une initiative qui a changé la vie de Micheline Tuyihayagize et de nombreuses autres femmes

Cette maman, mère de quatre enfants, a été invitée à plusieurs reprises par une amie à participer à des sessions de sensibilisation organisées par la SFBSP-Burundi, axées sur l’importance de l’entrepreneuriat féminin. Ces échanges l’ont conduite à se tourner vers la couture et l’élevage de chèvres, deux activités dans lesquelles elle s’est rapidement investie avec succès. Grâce au soutien financier de la SFBSP-Burundi, elle a pu acquérir une machine à coudre et trois chèvres, lui permettant ainsi de subvenir aisément aux besoins de sa famille.

Chaque jour, elle génère des revenus compris entre 10 000 et 5 000 francs sur le marché, ce qui lui permet de couvrir les frais de logement et d’éducation de ses enfants sans aide extérieure. Considérée comme un modèle par la SFBSP-Burundi, Micheline Tuyihayagize inspire des centaines d’autres mamans sensibilisées à l’entrepreneuriat. Annick Tuyisenge, chargée de communication au sein de la SFBSP-Burundi, souligne l’engagement de leur organisation à soutenir davantage de femmes dans le monde des affaires, en les encourageant à développer une autonomie financière, dans l’intérêt de leur famille et de celui du pays dans son ensemble.

« Nous sommes activement à la recherche de moyens pour venir en aide à ces mamans, dont beaucoup ont été négligées », conclut-elle.

Les femmes et les jeunes représentent la majeure partie de la population dans le pays du Tambour, totalisant 12,5 millions d’habitants en 2021, avec une proportion de 50,6% de femmes et de 41,5% de jeunes de moins de 15 ans (BM-2020). Madame Annick Tuyisenge souligne l’importance de leur contribution au développement. 

Elle insiste sur le fait que l’initiative de la SFBSP-Burundi vise à réduire considérablement le nombre de femmes vivant dans la précarité et à répondre à la problématique des enfants nés de pères inconnus, tout en soutenant la vision gouvernementale de faire du Burundi un pays émergent d’ici 2040 et un pays développé d’ici 2060.

Selon le rapport de l’Institut de Statistiques et d’Études Économiques du Burundi (ISTEEBU-2016-2017), 8% des femmes âgées de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur parcours de maternité, 6% sont déjà mères et 2% sont actuellement enceintes.

Freddy Bin Sengi

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