Mon corps ne m’appartient plus, petit bout de parcelle nationale où chacun a le loisir de donner son avis sur quand, qui, comment, pourquoi devrais-je avoir un autre enfant. Mais ce corps, c’est surtout le mien. Et moi seule.
« Les jeunes d’aujourd’hui, qu’est ce que vous avez à courir derrière les contraceptifs comme ça ? Ne savez-vous pas que c’est un péché ? Pourquoi ne pas suivre la méthode naturelle, telle qu’enseignée à l’église ? Vous ne pensez qu’à chercher l’argent seulement ! ». Elle, c’est ma mère, l’inconditionnelle chrétienne qui me fait ce discours à chaque fois qu’elle en a l’occasion. Quant à la belle-famille, elle commence à penser que je gâche les généreux spermatozoïdes de leur protégé. Mais dans mon corps de femme, il y a des choses qui s’y passent que je ne peux m’expliquer, et que je ne saurais pas partager aux autres, même s’ils me le demandaient. J’ai 30 ans, mariée, et j’ai une petite fille de 2 ans. Aux yeux de ma famille, et de mes amies, je suis ingrate à la vie. Moi qui ai eu la chance d’avoir un premier enfant, pourquoi ne pas en faire un autre tout de suite, puisque l’autre grandit déjà ? « Tu vas le regretter tu sais, avoir des enfants avec un grand écart d’age fait que tes enfants ne sentent pas connectés, ils ne vont pas jouer ensemble pendant longtemps, et vont grandir dans deux mondes différents », me lance ma copine, qui a déjà trois enfants au bout de 4 ans de mariage, et dit qu’elle n’en a pas encore fini.