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POLITIQUE

Soudan du Sud: 10 ans plus tard, les espoirs déçus de l’indépendance

Le Soudan du Sud, plus jeune État au monde, est un pays meurtri. Le 9 juillet 2011, l’espoir suscité par son indépendance arrachée après des décennies de lutte, était immense. Dix ans et une guerre civile plus tard, le pays vit l’une des pires crises humanitaires au monde.

Une croix autour du coup, foulard vert et noir sur la tête, Tireza Sima promène son regard triste à travers la fenêtre de l’hôpital militaire de Juba. Le 10 mai dernier, en pleine nuit, sa maison a été attaquée aux environs de Wonduruba, dans l’État de l’Equatoria Central. Une balle a atteint son pied droit, une autre son fils de 9 ans. D’abord conduite dans le centre de santé local, dépourvu de personnel formé et de médicaments, elle est restée plus de 8 jours sans soins appropriés, avant d’être prise en charge par le Comité International de la Croix-Rouge (CICIR). Seules 40% des structures de soins sont opérationnelles dans ce pays, jeune mais déjà meurtri par une longue guerre civile, et où, malgré la signature d’un nouvel accord de paix en 2018, l’ONU qualifie encore le degré d’insécurité de « stupéfiant ». Il n’a pas fallu longtemps aux dirigeants du Soudan du Sud pour sacrifier les promesses de l’indépendance sur l’autel de leurs luttes intestines pour le pouvoir. Dès 2013, le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar, les deux frères ennemis, entraînent leur pays dans un conflit sanglant. S’ensuivent cinq années de combats, pillages, massacres. Bilan : 380 000 mort et 400 000 déplacés.

Accord de paix en 2018

L’accord de paix signé en 2018 a certes permis un cessez-le-feu entre les deux principaux belligérants de la guerre civile. Mais de nombreuses régions du Soudan du Sud restent ravagées par des conflits localisés. Par endroits, les violences se sont même intensifiées depuis 2018. C’est le cas notamment dans l’État de l’Equatoria-Central, où la rébellion de l’ancien général Thomas Cyrillo - qui a rejeté l’accord de paix - affronte depuis plus de deux ans les forces gouvernementales et celles de Riek Machar. Les États du Jonglei et de Warrap sont eux aussi particulièrement meurtris par l’insécurité : crimes de vengeance, tensions ethniques, vols de bétail, accaparement de terres. Une violence aux racines anciennes et complexes, « alimentée par l’élite du pays, jusque dans la capitale dans le but de faire avancer ses pions dans le jeu politique », estime une source diplomatique. Le tout, sur fond de prolifération d'armes malgré l’embargo en vigueur dans le pays. « Viols », « déplacements forcés de populations » « attaques ciblées » et « recrutement d’enfants » : le prix payé par le...   

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