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Manu Dibango, un grand amateur de beau football

Invité de l’émission Radio Foot Internationale le jour de ses 80 ans, la légende de la musique avait confié sa passion et son admiration pour les grands joueurs, du Brésilien Pelé à son compatriote camerounais Samuel Eto’o.

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« J’étais un très mauvais joueur, mais je suis un très bon amateur du beau jeu » ! Manu Dibango n’avait jamais rêvé d’être footballeur. Le ballon rond n’était qu’une de ses « passions satellites » en dehors de la musique.

Mais gamin, dans les rues de Douala, il s’était aussi amusé, en shootant plutôt dans une orange ou une bouteille. « Forcément on jouait au foot ! C’est le truc le moins cher au quartier quand on est môme », nous confiait-il.

Son idole était alors Samuel Mbappé Léppé, star du club local l’Oryx dans les années 1950-1960, puis capitaine des « Lions indomptables » surnommé le « Maréchal ». « Il avait une frappe fantastique, je l’ai bien connu, il était mon lien quand j’allais au pays », raconte le musicien dont la carrière balbutiait alors encore en France où il vivait.

Écoutez Manu Dibango dans Radio Foot Internationale (Audio)

Une folle histoire d'hymnes

Et tout a commencé le jour où deux de ses passions se croisèrent ! « En 1964, le Cameroun avait organisé la Coupe des Tropiques, vague ancêtre de la CAN. Et j’avais alors enregistré une chanson qui disait "Flottez drapeaux sur Yaoundé, pour la Coupe des Tropiques" et on avait remporté le trophée ! »

Huit ans plus tard, son pays accueillant cette fois la CAN, Manu Dibango est candidat au concours de l’hymne. Il gagne et on l’envoie à Paris l’enregistrer. « C’était un 45 tours et sur une face de ce petit vinyle il y avait l’hymne, mais il fallait une face B ! Alors j’ai pensé à un morceau que les mômes réclamaient quand je répétais... Et, aujourd’hui, tout le monde a oublié l’hymne ! En plus, on avait perdu face au Congo ! » Car sur la face B Manu Dibango avait pour la première fois gravé, en 1972, Soul Makossa, son hymne à lui, devenu un standard mondial de la musique.

► À LIRE: Mort de Manu Dibango : de "Soul Makossa" à la world music

L'ami des footballeurs

Et sa route croisa bien d’autres stars du ballon. À commencer par celle du Brésilien Pelé, un « Dieu » rencontré plusieurs fois. En 1994, en promotion aux États-Unis, qui accueille la Coupe du monde, il assiste aux matches du Cameroun. « Roger Milla jouait encore, un grand artiste, lui ! Qui ne se souvient pas de son petit pas de Makossa quand il marquait, à la Coupe du monde de 1990 en Italie, hein ?! C’était un bon copain ».

Autre copain, l’ancien gardien international du Cameroun, Joseph Antoine Bell. « On se voyait souvent quand je jouais en France, raconte l'ancien joueur. En plus, on participait à des forums, des rencontres comme le gala pour Léopold Sédar Senghor que j’avais organisé en 1986 à Marseille. Une autre fois, j’avais été invité à la radio France Inter et Manu Dibango était venu avec moi, et son nouveau 33 tours, que j’ai encore entre les mains et qui avait relancé sa carrière ». De Douala où il vit, Bell témoigne de la tristesse qui, en ce jour de pluie, s’est abattue sur la ville.

L'hommage de Joseph-Antoine Bell à Manu Dibango (Vidéo)

L’ancien idole de Marseille rit à l’anecdote confiée par Manu Dibango au sujet de son club français de cœur : « C’est l’OM ! Mais maintenant, et il n’y a que moi qui puisse dire ça en France, j’aime bien le PSG. Parce que j’aime le beau jeu et Zlatan c’est quelque chose ! »

Cependant il restait mordant envers le club parisien : « Une bonne équipe n’est pas une addition de virtuoses qui fera un bon orchestre. Il faut un bon chef à la baguette. »

L'hommage de Yannick Noah

Manu Dibango avait eu aussi la chance de fréquenter le stade Auguste Delaunes de Reims à la grande époque des années 1950, citant de tête les joueurs qu’il avait encouragé le dimanche : Kopa, Piantoni, Marche. « Les derby face à Sedan étaient chauds, y’avait le sanglier au bord du terrain » !

Et dans les rangs du club des Ardennes, un autre ami camerounais, Zacharie Noah, père du chanteur et ancien grand tennisman Yannick Noah, qui s’est souvenu sur RFI aujourd’hui : « C’était un ami de la famille mais il était notre tonton à tous. Un grand sage. Il nous a ouvert la voie, il a cassé les frontières avec sa musique, son talent et son grand cœur. Il me conseillait sur la musique, et j’avais réalisé un rêve en jouant avec lui. Je l’admirais. »

En grand sage, il ne s’impatientait pas de voir une équipe africaine remporter la Coupe du monde : « Nos indépendances sont récentes, il faut qu’on s’organise. Déjà, de très grands joueurs sont apparus, Samuel Eto’o bien sûr, qui faisait danser le ballon, mais aussi Didier Drogba, Yaya Touré... Le mouvement est lancé, ça viendra. » Dans son éclat de rire inimitable, il avait ajouté : « Plutôt que 80 balais, je préférerais avoir 80 ballons. »

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