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Coronavirus: polémique sur la visite du numéro 2 du gouvernement à Touba

Mahammed Boun Abdallah Dionne, le plus proche collaborateur du président Macky Sall a pris part à la prière du vendredi, ce 21 mars. Le khalife général de la confrérie mouride, qui régente la ville de Touba, avait pris la décision de maintenir la prière collective. Et ce contre l’avis de l’État, Touba étant le foyer de l’épidémie de coronavirus. La visite de Mohammed Boun Abdallah Dionne a été unanimement condamnée.

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Avec notre correspondant à Dakar, William de Lesseux

Ce vendredi 21 mars, le secrétaire général de la présidence sénégalaise était venu sensibiliser le khalife général de la confrérie des mourides au sujet de l’importance de l’épidémie de coronavirus, motif officiel de cette visite. Devant la presse, Mahammed Boun Abdallah Dionne s'est réjoui de l’attitude du khalife dans cette période et a vanté l’utilisation du gel hydroalcoolique. Alors que le geste de prévention le plus évident est d’éviter les rassemblements et que les manifestations publiques sont interdites dans le pays depuis une semaine.

Une interdiction à laquelle a dérogé Touba, qui n’a pas annulé la prière, au contraire de Dakar. Toutes les mosquées étaient fermées dans la capitale. Un imam a été arrêté pour avoir tenté de maintenir la prière. En prenant part au rassemblement à Touba, Mahammed Boun Abdallah Dionne a créé un « paradoxe au sommet de l’État », relève la presse. L’homme serait « l’irresponsable » de la République, écrit par exemple Le Quotidien.

Dans la société civile, certains font part de leur surprise. La visite du secrétaire général de la présidence est contre-productive et « détruit » le message de prévention des autorités. « C'est totalement incohérent, totalement en contradiction avec les instructions qui ont été données par le président de la République, le gouvernement lui-même, pointe Alioune Tine, coordonnateur d’Afrikajom, une plateforme de la société civile. Ça fait vraiment désordre, surtout au plus haut sommet de l'État. Il s'agit pratiquement de la deuxième personnalité du pays. Nous sommes dans une situation où il y a des enjeux de vie et de mort ! »

Fadel Barro, du mouvement citoyen Y’en A Marre, condamne à son tour l’acte posé par le secrétaire général de la présidence. « Il a le droit d'aller où il veut, parce qu'il a le droit de porter un message. Mais il n'a pas le droit de montrer l'image d'une République qui n'arrive même pas à respecter ses propres consignes. Que ce soit de la diplomatie ou de la faiblesse, dans tous les cas, c'est la République qui en pâtit. »

Pour d’autres dans l’opposition, l’épisode décrit la faiblesse de l’État face aux autorités religieuses. Du côté de la présidence, aucun interlocuteur n’était disponible pour réagir à cette polémique. À Touba, épicentre de l’épidémie, une dizaine de cas de coronavirus ont été confirmés cette semaine. Avec 9 nouveaux cas découverts ce samedi, le Sénégal se trouve actuellement à 51 cas confirmés au total.

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