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«Luanda Leaks»: pour Sindika Dokolo, «il y a volonté de nous nuire»

À l’occasion de la publication de l’enquête des « Luanda Leaks », l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo a accepté de répondre aux questions écrites de Radio France Internationale sur les principales allégations relevées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et 36 médias partenaires, dont RFI.

RFI : Le gouvernement angolais vous accuse d’avoir fait perdre plus d’un milliard de dollars à la Sonangol et à la Sodiam. Vos avoirs sont gelés pour ça en Angola. Que répondez-vous ?

Sindika Dokolo Ce que le gouvernement nous réclame pourrait être couvert par les parts dans Unitel ou Galp. Dès lors, pourquoi geler toutes nos actions et même nos comptes personnels ? Il y a volonté de nous nuire. 

Pour vous, c’est politique ?

Même le timing de cette enquête est suspect. L’un de nos cabinets d’avocats, PLMJ, avait déjà été hacké dès 2015. On savait que plusieurs de nos autres sociétés ont été ciblées depuis par un hacker portugais, ces documents ont été gardés et sont instrumentalisés aujourd’hui pour faire main basse sur nos avoirs à l’étranger. Ils se servent de la presse pour manipuler l’opinion et les gouvernements étrangers. 

Donc pour vous, il y a une forme de complot ?

C’est Armageddon, le régime prétend le faire au nom de la lutte contre la corruption, mais ils ne s’en prennent pas aux mandataires des entreprises publiques accusées de malversation, juste à une famille qui opère, elle, dans le secteur privé. Mais ça ne me fait pas peur de tout perdre, j’ai déjà vécu ça avec mon père. Il faut qu’ils aient vraiment politiquement peur de ma femme pour faire ça. Ils veulent nous rendre responsables de toute la corruption et de la faillite de l’Angola. Mais nous avons 20 000 employés directs en Angola, des milliers d’autres travaillent dans les points de vente de Unitel et de Zap, on paie des impôts en Europe et on est le premier contributeur fiscal d’Angola, on a beaucoup travaillé et investi dans ce pays, plus que quiconque. On n’a pas un groupe consolidé, mais on a demandé à nos équipes de faire le calcul. L’an dernier, on a payé avec ma femme 250 millions de dollars d’impôts pour nos sociétés imposables en Angola. 

Comment expliquez-vous avoir obtenu un bonus via votre société Almerk de la part Victoria Holding Limited pour le rachat de Grisogono ? Surtout que c’est cet argent qui vous sert ensuite à investir dans de Grisogono.

Le bonus d’Almerk n’a rien d’anormal. Rien ne m’obligeait à le réinvestir. Le projet DG revêtait deux aspects: un investissement pour la relance de la société et un investissement dans la plateforme de fournitures de diamants venant d’Angola. J’ai fini par investir 115 millions dans la société de Grisogono, le même montant que Sodiam, mais j’ai dépensé trois à quatre fois plus pour créer la plateforme qui devait permettre de faire de de Grisogono une entreprise comparable à Graff ou à de Beers. 

Mais de Grisogono n’est pas de Beers.

Oui, mais c’est ce qu’on voulait faire : créer un « de Beers » angolais, de l’extraction à la commercialisation, mais la Sodiam a refusé, c’est l’une des raisons de l’échec de l’opération.

Et pourquoi de Grisogono ? La société affichait des pertes depuis 2007 ?

Ça aurait été impossible pour l’État angolais, comme pour nous d’acquérir un autre joaillier de luxe. Est-ce que vous savez à combien ça se négocie ? Plus de 10 milliards pour Tiffany’s ! 

La Sodiam affirme avoir investi plus que vous.

C’est un autre mensonge. J’ai investi 115 millions en capital, comme la Sodiam, c’est qu’a établi PwC (ndlr : PricewaterhouseCoopers) et ce qui a été présenté aux actionnaires de victoria holding en novembre 2019. Et moi, je fournissais, en plus, en permanence des stocks de pierres précieuses à crédit qui oscillaient entre 50 millions et 200 millions. 

Mais au départ, en 2012, la Sodiam apporte plus que vous, elle éponge notamment les dettes de de Grisogono ?

La Sodiam a plus investi dans la plateforme de vente et moi dans la plateforme d’achat. C’était la première transaction internationale de la Sodiam. Les banques ou les régulateurs auraient pu refuser. 

La Sodiam dit n’avoir pas profité des bénéfices des ventes sur 2,3 milliards de dollars de pierres précieuses.

Qu’ils produisent le document qui leur donnait un droit sur les bénéfices. On a même payé ces diamants à un prix supérieur à d’autres acteurs sur le marché. 

Selon des documents que nous avons pu consulter, vous êtes avec votre société Odys...   

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