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Pourquoi le bras de fer entre Huawei et Google inquiète l’Afrique

Huawei a une place majeure en Afrique, notamment en étant un important vendeur de smartphones. Copyright de l’image AFP
Image caption Huawei a une place majeure en Afrique, notamment en étant un important vendeur de smartphones.

La décision de Google de ne plus permettre à Huawei d'utiliser son logiciel Android est considérée comme le début d'une guerre froide technologique qui pourrait obliger les pays africains - dans le futur - à choisir entre la technologie américaine et chinoise, affirment des analystes interrogés par la BBC.

Les Africains qui se connectent de nos jours sur la toile ont de très grandes chances d'utiliser des smartphones chinois alimentés par un réseau construit en Chine, et au moins pour la moitié de ces smartphones, ceux construits par Huawei, le géant technologique chinois.

"Huawei a construit d'énormes pans de l'infrastructure informatique actuelle de l'Afrique. Si les États-Unis réussissent à paralyser l'entreprise, les conséquences pourraient être très douloureuses pour le secteur technologique africain en plein essor, désormais dépendant d'une entreprise dans la ligne de mire de Washington", analyse Éric Olander, de ''The China Africa Project''.

Lire aussi :

Google bloque l'utilisation d'Android à Huawei

Le président américain, Donald Trump, a exhorté les alliés américains à couper les liens avec Huawei, affirmant que la technologie de l'entreprise, entre autres, représentait un risque pour la sécurité, car elle permettait au gouvernement chinois d'espionner.

L'entreprise a rejeté ces accusations à plusieurs reprises.

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Image caption Le président américain a exhorté les alliés américains à couper les liens avec Huawei, affirmant que la technologie de l'entreprise permettait au gouvernement chinois d'espionner.

L'initiative américaine pourrait déclencher ce qu'Éric Schmidt, l'ancien PDG de Google, avait prédit comme l'inévitable tournant de l'Internet : un "Internet dirigé par les Chinois et un Internet non chinois dirigé par les Américains".

Si cela devait arriver, l'Afrique ne devrait pas prendre parti, d'après Harriet Kariuki, spécialiste des relations sino-africaines.

"Ce n'est pas notre combat, nous devrions plutôt nous concentrer sur ce qui fonctionne pour nous", a-t-elle dit à la BBC.

Les pays africains devraient plutôt s'unir pour éduquer les gens sur ce qui est en jeu et, espérons-le, convenir d'une loi de protection des données de type européen pour protéger les consommateurs africains, ajoute Harriet Kariuki.

"C'est probablement le moment où l'Afrique peut envisager de développer ses propres technologies adaptées à son marché au lieu d'être un consommateur passif. Je veux voir les pays africains s'unir et repousser cette colonisation numérique rampante", espère-t-elle.

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Le ton monte entre Washington et Pekin au sujet de Huawei

''Le piratage de l'Union africaine''

Alors que les préoccupations récentes au sujet de Huawei se sont focalisées sur les réseaux de communication en Occident, il existe aussi des accusations plus anciennes d'atteinte à la sécurité en Afrique.

En janvier 2018, le journal français ''Le Monde'', a indiqué que le système informatique installé principalement par Huawei au siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie, aurait été compromis.

La cellule informatique de l'UA a découvert que pendant cinq ans, entre minuit et 2 h du matin, les données des serveurs de l'organisation panafricaine ont été transférées à plus de 8 000 km - vers des serveurs à Shanghai.

Ces accusations ont été rejetées par l'Union africaine et les responsables chinois.

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