Après des semaines de protestations contre le président Abdelaziz Bouteflika, le chef d'état-major de l'armée algérienne a demandé que la présidence soit déclarée vacante. BBC Monitoring dresse les profils des principaux centres de pouvoir du pays et des successeurs possibles de M. Bouteflika.
L'armée
L'armée algérienne a toujours joué un rôle central en politique. Son rôle s'est renforcé au cours des années 1990 - la "décennie noire" - durant lesquelles l'armée a annulé les élections et mené une guerre civile féroce contre les islamistes.
C'est durant cette période que le président Bouteflika a réussi à écarter certains généraux de l'armée. En 2015, il a évincé le très puissant chef des renseignements, Mohamed Mediène. Connu surtout sous le nom de Général Toufik, ce dernier fut le dernier des "janviéristes" qui dirigèrent la politique algérienne pendant plus de 20 ans après l'annulation des élections de janvier 1991.
L'éviction du général Mohamed Mediène avait été saluée et considérée par le gouvernement et les médias officiels algériens comme un pas vers la démocratie et la démilitarisation de l'Etat.
Ahmed Gaïd Salah
Le 26 mars, le général Ahmed Gaïd Salah a demandé que M. Bouteflika soit déclaré inapte à gouverner le pays. Cette décision du chef d'état-major de l'armée semble donner raison à ceux qui lui prêtent des ambitions présidentielles.
Un rapport parlementaire publié en janvier 2017 en France présente le général Gaïd Salah comme un successeur probable d'Abdelaziz Bouteflika, malgré les affirmations selon lesquelles il ne trahirait pas son "frère d'armes de la guerre de libération".
Le chef d'état-major de l'armée a souvent aidé M. Bouteflika à couper l'herbe sous le pied des autres généraux.
Il a été récompensé pour sa loyauté avec le titre de "vice-ministre de la Défense" avant la dernière réélection de M. Bouteflika, lequel assure officiellement la tutelle du ministère de la Défense.
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Le général Ahmed Gaïd Salah s'est attribué à maintes reprises le mérite d'avoir réussi à lutter contre le terrorisme, et le budget de son ministère a grimpé en flèche au cours des dernières années, malgré des baisses budgétaires dues à la baisse des prix du pétrole.
Il a également obtenu l'adoption d'une loi visant à empêcher les généraux évincés de le critiquer publiquement.
Cependant, certains médias algériens évoquent l'existence de tensions entre le chef d'état-major de l'armée et le clan présidentiel.
Clan présidentiel
La confiance du président Bouteflika est difficile à gagner, car le chef de l'État s'est entouré de membres de sa famille et d'amis d'enfance.
Chakib Khelil, qui a grandi avec M. Bouteflika dans sa ville natale d'Oujda, au Maroc, est l'un des notables de ce cercle fermé. Il a été ministre de l'Énergie, a dirigé la Sonatrach, la société pétrolière nationale, et président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Après six ans de lutte contre les scandales de corruption au sein de cette organisation, M. Khelil est retourné en Algérie en 2016, rendant souvent visite aux vénérés responsables soufis du pays et bénéficiant d'un large écho dans les médias locaux.
Il aurait cherché des soutiens à sa candidature à l'élection présidentielle durant son exil aux États-Unis, où il a fait ses études. Il nie être titulaire d'un passeport américain, ce qui pourrait invalider sa candidature à l'élection présidentielle.