Les femmes constituent plus de la moitié de la population burundaise. Quand les femmes se verront garantir tous les droits et qu’il n’y aura plus d’inégalités de chances, c’est tout le Burundi qui en bénéficiera.
Les temps sont révolus. La femme ne reste plus à la maison à faire les travaux domestiques en attendant le retour de la chasse de son mari pour amener le gibier. Elle doit désormais travailler dur pour la survie de toute la famille. Et si elle était bien préparée et bien équipée pour ne travailler que pour la survie mais pour le développement de toute la communauté ?
Selon un rapport de la FAO, la femme burundaise fournit à 97,4% l’essentiel de la force de production dans le secteur de l’agriculture. L’agriculture étant l’activité dominante de l’économie burundaise qui rapporte plus de 50% du PIB, la femme burundaise constitue donc le pilier de l’économie.
Ce secteur agricole reste exploité d’une façon archaïque et la femme en souffre doublement. Outre l’exploitation d’un autre âge, la femme n’est pas bien équipée au niveau des connaissances utiles pour profiter au maximum de cette ressource terre, car la plupart de ces femmes qui s’occupent de l’exploitation de la terre ont un niveau d’études très bas ou pas.
En plus des problèmes d’accès aux engrais chimiques qui réduisent la production, il faudra aussi souligner que cette terre ne lui appartient pas. Elle revient à l’homme. Il devient décourageant d’exploiter une propriété à laquelle elle n’a aucun droit et lorsque les revenus de cette terre sont mal gérés par les soi-disant propriétaires.
Les femmes ont très peu de chance de contrôler le fruit de leur labeur. Cela réduit la stimulation à rechercher des opportunités productives de revenu. C’est toujours la famille qui en pâtit car le revenu gagné par les femmes est plutôt utilisé pour les besoins de la famille en nourriture, vêtement, santé et éducation.
Quant au marché de travail…
Dans le monde du travail professionnel, les femmes ont tendance à occuper des emplois vulnérables, moins protégés et sous-valorisés. Les postes à responsabilités et les emplois à forte rémunération restent la chasse gardée des hommes. Cela n’est pas sans impact sur la famille et toute la nation car, à en croire les dires et même des études, les femmes seraient de très bons gestionnaires.
En plus des emplois mal payés, les femmes effectuent jusqu’à 3 fois plus de travail non rémunéré, non déclaré, ou informel que les hommes. Dans une étude sur l’Afrique Subsaharienne, les chercheurs retracent la vie d’une femme aux potentiels occultés. Elle qui devrait constituer un capital humain au même titre que l’homme se retrouve sous le poids de la tradition et les croyances de la société. Cela constituant un frein au développement durable.
Pour un développement inclusif
L’éducation de qualité est le pilier le plus solide pour le développement durable. En 2009, des données sur le genre témoignaient d’un taux d’analphabétisme au Burundi encore plus élevé chez les femmes que chez les hommes: respectivement 73% contre 52%. Un rapport national d’évaluation de mise en application du programme d’action de Beijing de 2014, confirme la théorie que plus on avance dans les études, moins on trouve de femme. Ainsi, on retrouve un plus grand nombre de filles dans les écoles primaires (963 171 sur un total de 1 922 424) une réduction du nombre au secondaire (142 082 sur un total de 345 788) et une baisse remarquable dans l’éducation supérieure (2607 sur un total de 15304).
Le Burundi a besoin de faire pleinement usage des compétences et des talents de tous ses citoyens. Les femmes doivent être encouragées à poursuivre leurs études et à s’intégrer davantage dans tous les secteurs pour assurer une croissance plus inclusive et équilibrée.
Selon le rapport sur le développement humain de 2019, l’IDH du Burundi pour 2018 s’établit à 0.423, ce qui place le pays dans la catégorie « développement humain faible » et au 185e rang parmi 189 pays et territoires. Pour amorcer le développement du pays, il est important de valoriser le rôle potentiel des femmes dans les divers secteurs du pays.