Dans la forêt du parc national des Virunga, les populations riveraines collectent du bois de chauffage, une activité rendue difficile par la dégradation de l’environnement. Bien que le bois soit crucial pour leur quotidien, cette tâche expose les récolteurs à des risques d’électrocution. Le parc, riche en biodiversité, souffre de l’exploitation excessive et des conflits armés, menaçant son écosystème et son rôle dans le tourisme.
Sous l’ombre légère des grands arbres, les cris des oiseaux et le bourdonnement incessant des insectes résonnent de toutes parts. Des branches tombent des cimes des arbres, tandis que les piqûres de fourmis rouges et de moustiques viennent ajouter à l’inconfort. La peur se fait sentir dans cette vaste forêt du parc national des Virunga, où les habitants locaux viennent collecter du bois mort.
Après une heure de marche pieds nus à travers des sentiers sombres et boueux, nous atteignons enfin notre destination.
Lire : Cosma Wilungula : « La clôture électrique de Virunga va mettre fin aux conflits Homme-Faune »
« C’est ici que nous venons ramasser du bois. Autrefois, il nous suffisait de chercher autour de nos habitations pour en trouver facilement. Mais ce n’est plus possible, car les vastes espaces autour de nous sont désormais des savanes, et toutes les forêts que nous fréquentions sont devenues des champs de cacao », nous explique la surnommée Maman Mapasa, habitante du village Kibanda.
Dans le secteur de Rwenzori, en territoire de Beni, situé dans l’est de la République Démocratique du Congo, les populations vivant dans les agglomérations autour du parc national des Virunga exploitent chaque mercredi du bois de chauffage dans ce patrimoine mondial de l’humanité.
« Comme tu peux le voir, ce n’est vraiment pas facile de passer une journée entière dans ces conditions effrayantes. Seul Allah nous protège ici », déclare Alimah Kavugho, une jeune fille âgée de 16 ans.
Les bois de chauffage sont les principaux combustibles que la majorité des ménages riverains du parc Virunga exploitent pour la cuisson des aliments. Ils constituent également une source de revenu pour certaines personnes qui, par ailleurs, les vendent pour répondre aux besoins de leurs ménages.
Les récolteurs de bois face aux clôtures électriques
Afin d’empêcher les animaux d’envahir les villages et assurer la protection des écosystèmes se trouvant dans le parc, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature a installé une clôture électrique à la limite du parc. Bien que des portes, ouvertes chaque mercredi pour faciliter l’accès des paysans au parc, des récolteurs de bois se faufilent sous les fils électriques sous tension, exposant ainsi leur vie au risque d’électrocution.
« Il n’y a pas vraiment de danger sous ces fils. L’intensité du courant a été réduite. Les éco-gardes savent que nous devons être là chaque mercredi », rassure Samuel Mbusa, transporteur de bois mort, que nous avons rencontré à au village de Kibanda près du parc.
« C’est toujours pareil. Même lorsque le courant est faible, il nous électrocute et nous éloigne dès que nous touchons les fils. Un jour, quelqu’un périra ici en cherchant du bois », affirme Neema Kyalwaghi, originaire de la commune rurale de Lume, située à environ sept kilomètres de la frontière du parc.
Droits d’usage dans les forêts classées
En 2002, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a adopté une loi portant code forestier. Les articles 38 et 39 de ce document traitent des droits d’exploitation des forêts, y compris des parcs, réservés à la population.
« Dans les forêts classées, à l’exception des réserves naturelles intégrales, des parcs nationaux et des jardins botaniques, les droits d’usage sont exercés exclusivement par les populations riveraines et leur jouissance est subordonnée au respect des dispositions de la présente loi et de ses mesures d’exécution », stipule l’article 38.
L’article 39 précise : « Dans les forêts classées, les droits d’usage sont limités : (a) au ramassage du bois mort et de la paille ; (b) à la cueillette des fruits, des plantes alimentaires ou médicinales ; (c) à la récolte des gommes, des résines ou du miel ; (d) au ramassage des chenilles, des escargots ou des grenouilles ; (e) au prélèvement du bois destiné à la construction des habitations et pour un usage artisanal », peut-on lire.
Le Parc National des Virunga est le plus ancien d’Afrique. Jadis appelé Parc National Albert 1er, ce patrimoine mondial de l’humanité s’étend sur plus de 7800 hectares dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo. Face à l’exploitation abusive et à l’invasion de plusieurs groupes armés nationaux et internationaux, ce joyau riche en faune et en flore perd peu à peu sa notoriété, au détriment du tourisme mondial, du tourisme national et des populations riveraines.