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Les brochettes de Bugarama : à bas les préjugés

Réputé pour ses fruits et légumes frais, Bugarama s’est fait aussi un nom avec ses brochettes. Malheureusement, ces brochettes « ambulantes » embarquent dans leurs sillages plusieurs réticences, limitant ainsi leurs consommations par les voyageurs qui y transitent. Comme ils seront nombreux à emprunter ce carrefour pour les fêtes de fin d’année, vérifions ces préjugés.

Il est 10h. Je quitte Bujumbura vers Gitega. À bord du bus, la RN1 se dresse comme une succession de tournants, de passages près de ravins inquiétants, d’incursion au milieu de flancs de montagnes couverts d’eucalyptus. À 40 km, le bus ralentit dans un carrefour, né du mariage de la RN1 et de la RN2. Vous avez deviné l’endroit, je pense… C’est Bugarama.

Des jeunes vendeurs assaillent le bus. Produits vivriers frais, fruits et brochettes sont proposés à gogo. Tous les produits sont achetés, à l’exception des brochettes. Personne n’en prend, ni ne demande le prix. Faisant tentative d’en acheter un, un voisin de siège à coté hurle sur un vendeur, à travers la vitre ouverte : « Éloignez ces viandes de singes, de chats, de chiens et de je ne sais quoi d’autres ! ». Un autre derrière moi, me fait un triste témoignage, comment il a contracté une intoxication alimentaire après avoir mangé ces viandes ambulantes. Je finis par céder. Durant mon trajet, je n’ai cessé de me remémorer la scène, car c’était la troisième fois que j’entendais de telles histoires sur ces brochettes.

Carrefour des brochettes

À mon chemin du retour, je décide de faire escale à Bugarama. C’était un week-end. Quelle fut ma surprise en remarquant que beaucoup de jeunes nantis, certains hauts dignitaires et familles aisées quittent Bujumbura ou d’autres centres du pays pour passer du bon temps à Bugarama, rien que pour ces brochettes. « J’amène ici toute ma famille le week-end, car les brochettes d’ici sont les meilleures brochettes du pays », me confia un collègue, rencontré sur place. Du coup, une question me taraudait : pourquoi alors tant de monde face à des brochettes que haïssent presque tous les voyageurs des bus ?

Philbert, surnommé « vétérinaire », un vendeur de brochettes dans un bar du coin, m’explique que les brochettes ambulantes sont les mêmes que ceux que les bars offrent à leurs clients. « Où est-ce qu’on peut trouver chaque jour les soi-disant singes, chats et chiens et surtout en grande quantité ? Ce ne sont que des préjugés à déconstruire, car ces vendeurs de brochettes ambulants viennent s’approvisionner chez nous, et tu vois que ce sont des brochettes de bœufs et de chèvres », explique le jeune homme.

Brochettes spéciales

Pour Balthazar, un autre « vétérinaire » du coin, l’une des variétés de brochettes beaucoup prise est la VW, le fameux Volkswagen. Selon lui, la VW est une brochette qu’on grille après l’avoir hachée. « Elle est grosse et facile à mâcher », confie un jeune adolescent en train de la déguster. «Par contre, si vous êtes grand amateur de brochettes, mieux vaut goûter celles qu’on appelle je m’en fous  ou CEPGL», confie Claude, un autre client en train de déguster sa brochette, assis tout près de la route.

Pour ceux qui ont encore des préjugés, détrompez-vous. Ceux qui ont goûté à la VW par exemple en ont gardé un bon souvenir. Si un jour, vous passez par Bugarama, laissez de côté vos faux préjugés, et savourez ces délices de brochettes ambulantes.

 

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