LE JOURNAL.AFRICA
Analyse

Collecte des immondices dans Bujumbura : où est-ce que ça coince ?

Au moment où le monde met en place des systèmes de protection de l’environnement notamment en passant par la gestion des déchets, notre pays lui, stagne. Enlever les ordures de ménage vers les dépotoirs reste toujours une épreuve pénible malgré la présence des sociétés de collecte des immondices.

Il y a quelques années, la mairie de Bujumbura a octroyé une autorisation de collecte des immondices à différentes entreprises. Moyennant une somme de 10 000 francs burundais par mois, des ouvriers en tenue et avec des équipements indispensables pour ce travail viennent collecter tous les déchets quatre fois le mois, soit une fois par semaine. Ayant un contrat avec la mairie, les déchets sont acheminés vers le dépotoir de Buterere.

Mais les ennuis ne manquent pas. « Sur plus de 1000 ménages d’un quartier, seul 400 sont abonnés. Nous faisons de notre mieux pour les inciter à profiter de nos services. Je me souviens d’une fois où j’ai envoyé des invitations à 100 ménages mais aucun n’a répondu favorablement à ma demande », raconte Bernard (pseudo), agent de l’une de ces entreprises.

Mais où vont leurs ordures ?

Madame Rose est mariée et mère d’un enfant. Tous les lundis, quand les camions viennent ramasser les déchets chez les voisins, son ménage n’est pas concerné. « Les Kadogo (jeunes garçons éboueurs) m’aident beaucoup. Pour 5000 Fbu, ils prennent tous les déchets pas seulement les 2m³ comme ces sociétés. Ils ne s’absentent jamais sous motif de manque d’essence ou soit disant que le dépotoir est plein. Il s’agit d’une bonne affaire. Là où ils emportent ces déchets, m’importe peu. Pourvu que ma parcelle soit propre.»

Pour Bernard, agent de l’une des entreprises de collecte de déchets, les ménages s’offrent ces services par ignorance, égoïsme et manque de sensibilisation. « Les Kadogo qui sont une vraie concurrence jettent ces déchets dans des lieux qui ne conviennent pas comme dans les parcelles privées sur lesquelles on n’a pas encore bâti ou bien dans des caniveaux près du lac Tanganyika. Comme c’est un business illégal, ils font payer moins cher.»

Bernard ne nie pas plusieurs défis qui minent leurs services : « Notre problème majeur, c’est lorsque le dépotoir est plein alors que nous payons par mois la mairie pour enlever les déchets. D’ailleurs, autrefois, on pouvait passer tout un mois sans le faire ce qui causait des maladies surtout chez les jeunes enfants. Aujourd’hui, pour remédier à tout ceci et pour l’intérêt de notre entreprise et pour fidéliser nos clients, nous acceptons de brûler ses déchets de la décharge de Buterere quand bien même ce n’est pas de notre ressort. Nous le faisons en sachant que les ordures brûlées à l’air libre sont nocives pour l’environnement, le climat et la santé humaine qui est d’ailleurs trop exposée. Mais au moins, nous ne passons plus des jours sans enlever ces déchets et nous fidélisons nos clients. »

 

Articles similaires

Abahuza : entre médiateurs et juges

YAGA BURUNDI

Alioune Tine: «On n’a jamais eu aussi peur au Sénégal que lors des manifestations de ces derniers jours»

RFI AFRIQUE

Burundi-France : quatre raisons pour comprendre la reprise de la coopération bilatérale

YAGA BURUNDI
Verified by MonsterInsights