La transformation de l’huile de palme se fait à trois niveaux : la transformation industrielle, semi-industrielle et celle artisanale. Cette dernière est la plus répandue au Burundi et représenterait près de 80 à 90% de toute la transformation de l’huile de palme au Burundi. Exigeant entre autres de l’eau, la production de l’huile de palme n’est pas sans danger pour l’environnement.
« Étant près des cours d’eau, ces producteurs vont prélever l’eau gratuitement des sources proches », explique l’Ambassadeur Albert Mbonerane, qui poursuit : « Ils vont l’utiliser et après le nettoyage, ils rejettent tous les déchets dans ces cours d’eau, qui vont être pollués et ainsi aller polluer le lac Tanganyika dans lequel la plupart d’entre eux se déversent ».
Cet activiste environnemental donne l’exemple des unités de transformations d’huile de palme installées anarchiquement près des rivières Dama, Murembwe, Kajeke vers Rumonge qui toutes se drainent dans le Tanganyika, emportant avec elles les déchets et autres résidus provenant de ces usines artisanales. « Tout cela ne peut qu’avoir un impact négatif sur la biodiversité et la qualité de l’eau du lac car l’eau devient de plus en plus sale et tout l’habitat du lac est perturbé », regrette l’Ambassadeur.
Justement à ce propos, une analyse faite sur les affluents du Lac telles les rivières Murembwe, Dama et Munege montrait que « les paramètres analysés avaient des teneurs dépassant les normes de rejet acceptables dans l’environnement ». Cette analyse disait également que « les trois affluents avaient une forte contamination bactérienne pouvant avoir des effets néfastes sur la biodiversité aquatique comme pouvant être à l’origine des maladies infectieuses ». Et les causes de cela incluaient notamment « des déversements des effluents des usines d’extraction d’huile de palme ».
Et pourtant
Il y avait moyen de protéger ces rivières et ainsi le lac. Déjà en 2013, rappelle l’Ambassadeur Mbonerane, à la suite de la promulgation du code de l’eau, il y avait eu une collaboration entre l’Office de l’Huile de Palme (OHP) et le ministère ayant l’environnement dans ses attributions à travers la direction générale en eau et assainissement, pour mettre en place certaines mesures.
C’était entre autres l’exigence d’une licence pour toute société voulant produire l’huile de palme. À travers cette licence, l’entreprise acceptait d’installer son unité de production à une distance de plus ou moins 150 mètres du cours d’eau le plus proche mais également devait en principe disposer d’un bassin de rétention d’eau, pour que l’eau usée ne se déverse pas dans les rivières. « Actuellement, seule l’entreprise Savonor semble respecter cela et travailler dans des normes plus ou moins environnementales et la licence semble n’être plus exigée », constate amèrement l’activiste.
Malgré cela, la loi en la matière est claire. L’article 73 du code de l’eau stipule que « les propriétaires ou exploitants des établissements rejetant des eaux usées autres que domestiques, notamment des eaux d’origine industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou d’élevage, doivent mettre en place un système d’assainissement susceptible de traiter ces eaux usées à leur sortie de l’établissement ». Quiconque contrevient à cela « est puni d’une peine de servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de un million à cinq millions de francs burundais, ou de l’une de ces peines seulement », conformément à l’article 145 du même code.