À la veille de la finale de l’un des grands événements de la musique qu’est la Primusic, plus d’un se demande si cette dernière promeut l’art ou simplement la personne qui aura été la plus chanceuse. Les faits étant têtus, certains lauréats des éditions précédentes n’ont pas fait long feu malgré les millions empochés, ce qui pousse à se questionner sur l’efficacité de l’évènement.
Quatre artistes ont déjà remporté la Primusic. Durant les préliminaires, ou même les moments chauds de la compétition, ils ont assuré, de par les chansons interprétées devant le jury, et même durant les concerts organisés. Le talent sautait aux yeux, et le monde musical croyait en leur avenir. Paradoxalement, la production de certains artistes n’a pas été à la satisfaction de tous. D’aucuns se demandent à quoi a servi ces sommes pour les heureux « champions ». À coup sûr, leur popularité n’a été que de la poudre aux yeux.
Parmi les promesses de la Primusic (compétition musicale organisée par la Brarudi, au nom de son produit-phare, la Primus) , lit-on sur leur site, figure celle-ci : « Faire émerger de nouveaux talents locaux et ainsi leur offrir une opportunité de propulser une carrière artistique ». Cette compétition, qui vit le jour en 2012, est alors accueillie avec joie pour les artistes burundais méconnus sur la scène musicale. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que derrière chaque compétition, se trouve une philosophie, les affaires. Oui. La Brarudi en profite. D’abord, la promotion de la Primus. Et puis, la compétition dure deux mois d’affilée et les artistes font le tour des 18 provinces. Depuis la dernière compétition, plus de 50 000 tickets ont été vendus selon un des organisateurs. Un ticket étant évalué à 3000 francs burundais.
L’après Primusic, une responsabilité
On a assisté à un silence de cathédrale de la part des « bébés millionnaires » après la compétition. À peine quelques singles. Sur la question de gestion de ces fonds, ils restent dans le vague. « C’est difficile à dire (Rires…). Je pourrais le dire, mais ça rentre dans ma vie privée, et malheureusement, je ne peux pas lever le voile sur ma vie privée (Rires…) », a dit Jean Marie Christian Ninteretse gagnant de la Primusic 2014 lors d’un entretien avec le site Akeza.
Certes, chacun gère son argent comme il l’attend, mais étant donné que l’objectif de la compétition est de promouvoir la musique burundaise et de surcroît, le rendement artistique devrait être une priorité. Mais la faute n’incombe pas seulement aux artistes.
Actuellement, c’est que comme si l’après Primusic n’existe pas. Les lauréats sont délaissés avec leurs millions (en Fbu), dépourvus de coaching et de suivi. « Les organisateurs devraient au moins s’inspirer des compétitions qui se font ailleurs », confie Rally Joe victorieux de 2012. Il ajoute : « Ailleurs, le gagnant d’une compétition devient quasiment « un enfant chéri ». Ils vont jusqu’à te recommander dans d’autres compétitions. C’est exactement le contraire de ce qui se passe ici. Ils oublient certainement que de toute les façons, c’est une autre forme de publicité pour leur entreprise ».
Alors, que faire ?
Vu la pauvreté qui gangrène le monde artistique et les jeunes burundais en général, et les besoins matériaux surpassant de loin leur pouvoir d’achat, il est compréhensible qu’un moment opportun comme la Primusic soit la meilleure opportunité de s’en sortir. Mais à la base, cet événement ne devrait pas être seulement l’occasion de se faire de l’argent. Une tendance qu’il faudrait inverser.
Pour y remédier, les organisateurs devraient songer à restructurer la manière de primer les lauréats par exemple en tranches et arranger d’éventuelles productions ou élaborer des contrats contraignants l’artiste à rester sur une bonne ligne de production.
Malheureusement, sans coaching, un jeune du Burundi verra dans les 25 millions de prime l’occasion de s’acheter une bonne Allion ou de quoi acheter une parcelle dans un quartier chic, et mettra sa voix dans un tiroir pendant un bout de temps (ou peut-être pour toujours).