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« Premier ministre » : un peu d’histoire sur une fonction qui reprend du galon

À l’issue des élections de 2020, au lieu d’un président assisté de deux vice-présidents auquel les Burundais étaient habitués, l’exécutif sera caractérisé par un système bicéphale : le président et le Premier ministre. Retour sur l’histoire d’une fonction réinstaurée plus de 20 ans après.  

Selon l’article 129 de la constitution de juin 2018, le président de la République ne sera plus chef du gouvernement et cela au profit du premier ministre. Celui-ci et les membres de son gouvernement seront solidairement responsables devant le président de la République. Ce dernier, jusqu’ici en même temps chef du gouvernement assisté par deux vice-présidents, sera assisté par un seul vice-président. 

Au Burundi, la fonction du premier ministre est plus ancienne que celle du président de la République. Le Burundi a eu son tout premier ministre sous la monarchie, à la suite des élections communales tenues en novembre et décembre en 1960. C’était avant qu’il ne soit doté d’une loi fondamentale.  

Depuis, le poste de premier ministre a été maintenu ou suspendu, surtout sous les trois premières Républiques selon le gré des chefs d’État, jusqu’en 1998, année où il est supprimé pour la mise en place de deux vice-présidences.    

Au début, un poste sans aucune base légale… 

Le Burundi a été doté d’une «Constitution provisoire en novembre 1961», soit à une année de la tenue des communales de 1960, à l’issue desquelles le parti PDC a été donné vainqueur sur l’Uprona.

Dans ce texte de 14 pages écrit en français et en kirundi, tout comme dans la constitution définitive d’octobre 1962, un texte de 6 pages écrit en français seulement, les chapitres II consacrés au pouvoir exécutif sont muets au sujet du poste de premier ministre, ses attributions, etc.

La première section de ce chapitre évoque des dispositions en rapport avec le Mwami et la seconde porte sur les ministres. Cependant, aucun mot sur le premier ministre.  

Pourtant, le royaume du Burundi aura toujours l’occupant du poste de premier ministre jusqu’à l’abolition de la monarchie le 28 novembre en 1966. 

1966-1993, un poste presque absent   

Quand le capitaine Michel Micombero abolit la monarchie en novembre 1966, le pays était déjà dans un vide constitutionnel suite au coup d’État du jeune prince royal Charles Ndizeye (19 ans) du 8 juillet 1966 contre son père le Mwami Mwambutsa IV.  

L’homme en uniforme n’a pas confié la formation du gouvernement à un premier ministre. Durant les dix ans qu’il sera au pouvoir (1966-1976), Michel Micombero nommera une fois un premier ministre, en juillet 1972 et pour une période éphémère. Jusque-là, le Burundi attendait toujours une Constitution qui sera finalement élaborée et promulguée en juillet 1974. Le document de 7 pages ne prévoyait rien sur le poste de premier ministre.

Son tombeur le colonel Jean Baptiste Bagaza (1976-1987) rétablira le poste de premier ministre pendant les premières années de son pouvoir. Comme son prédécesseur, il ne se basera sur aucune loi, en raison du manque de la Constitution. Et la fonction de premier ministre ne figurera pas dans la Constitution de novembre 1981

De son côté, le major Pierre Buyoya qui accède au pouvoir le 3 septembre en 1987 exercera la première année sans le premier ministre. Dans un vide constitutionnel, il nommera en octobre 1988 un premier ministre au nom de la politique de l’Unité nationale après les massacres de Ntega et Marangara. Il le gardera jusqu’à sa défaite à la présidentielle de 1993. 

1993-1998, un premier ministre puissant 

Le Burundi a été tour à tour régi par deux textes durant cette période. Respectivement, la Constitution de mars 1992 et le décret-loi de septembre 1996.

Dans le premier texte, en plus de diriger l’action du gouvernement et de mettre en exécution des décrets présidentiels, l’article 91 reconnaissait au premier ministre la prérogative de nommer à certains postes civils et militaires et en cas d’absence ou d’empêchement temporaire du président de la République, l’article 85 stipulait que la gestion des affaires courantes revenait à lui. 

Dans le deuxième texte, mis en place après le coup d’État du président Buyoya contre le président Ntibantunganya en 1996, la fonction de premier ministre paraît très fort comparativement aux prérogatives que la constitution de mars 1992 donnait à l’occupant de ce poste. 

En cas d’absence ou d’empêchement temporaire tout comme en cas de vacance pour cause de démission, de décès, etc., le premier ministre devait aussitôt devenir président de la République. 

Depuis 1961 jusqu’en 1998, le Burundi a eu 14 premiers ministres dont trois rappelés pour constituer le gouvernement et une femme. 

Tous les premiers ministres que le Burundi a eus de son histoire 

Mwami Mwambutsa

  • Joseph Cimpaye (début 1961)
  • Louis Rwagasore (1961)
  • André Muhirwa (1961-1963)
  • Pierre Ngendandumwe (1963-1964)
  • Albin Nyamoya (1964-1965)
  • Pierre Ngendandumwe (1965)
  • Joseph Bamina (1965)
  • Léopold Bihumugani (1965-1966)

Ntare V   :

  • Michel Micombero (1966)

Michel Micombero  :

  • Albin Nyamoya (1972)

Jean Baptiste Bagaza :

  • Colonel Edouard Nzambimana (1976-1979) 

Pierre Buyoya :

  • Adrien Sibomana (1988-1993) encore en vie 

Melchior Ndadaye :

  • Sylvie Kinigi (1993-1994) encore en vie 

Cyprien Ntaryamira :

  • Anatole Kanyenkiko (1994) encore en vie 

Sylvestre Ntibantunganya :

  • Anatole Kanyenkiko (1994-1995)
  • Antoine Nduwayo (1995-1996) en vie

Pierre Buyoya :

  • Pascal Firmin Ndimira (1996-1998)   en vie 

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