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EDUCATION

Kenya: les écoles rouvertes, après 10 mois de fermeture à cause du Covid-19

Au Kenya, la vie est presque revenue à la normale depuis que les écoles ont enfin rouvert le 4 janvier dernier. Une fermeture qui aura duré près de 10 mois pour endiguer la propagation du Covid-19. Aujourd’hui, des milliers d’écoliers sont en décrochage scolaires. Les conséquences de cette longue fermeture se feront ressentir encore sur plusieurs années.

Dans les salles de classe, les cours ont repris depuis quelques jours. Cela faisait presque 10 mois que James n’avait pas été à l’école : « je suis heureux de revenir à l’école. L’école c’est bien parce qu’on lit beaucoup et on grandit. Mes copains m’ont manqué ! » Andrew, lui, s’inquiète pour son avenir : « on est restés presque toute l’année sans apprendre. Si on n’apprend rien, on ne trouvera pas de travail plus tard. Je suis resté au village 5 mois chez ma grand-mère, je l’aidais à la ferme. »

2 à 3 ans pour rattraper le retard

Des milliers d’écoliers envoyés au village pour permettre à leurs parents de travailler en ville. C’est aussi le choix qu’a fait Samantha Kageha dès le début de la pandémie. « Moi, j’ai du envoyer mes enfants au village chez ma mère, parce qu’ici à Nairobi, je dois travailler. Je ne les ai quasiment pas vus pendant 9 mois, raconte-t-elle. L’école m’envoyait des leçons sur Whatsapp mais je ne pouvais pas les envoyer au village car ils n’ont pas de smartphone. Alors je devais écrire les énoncés sur une feuille, puis acheter du crédit de téléphone pour pouvoir les appeler et dicter les énoncés par téléphone à ma fille qui les écrivait. C’était très compliqué. »

Une instruction à distance qui se révèle bien fastidieuse et un décrochage scolaire qui s’illustre de jour en jour. Dans certaines écoles du pays, 30% des élèves ne sont pas revenus. Le Covid a ici aussi exacerbé les inégalités sociales. « Au Kenya, il y a une disparité parce qu’il y a les parents qui ont accès à internet, à un ordinateur mais il y a aussi beaucoup de parents pauvres qui n’ont pas de téléphone mobile, pas d’ordinateur ou d’internet, explique Lynus Oure, professeur de français dans les écoles kenyanes. Donc ça a marché sûrement pour les parents privilégiés. Peut-être 20% des enfants ont étudié quelque chose. Et donc 80% ont perdu une année scolaire. Rattraper cela, ça va prendre peut-être 2 ou 3 ans. »

Les conséquences sont lourdes : plus d’une adolescente sur 5 est tombée enceinte dans le courant de l’année. Certaines se sont mariées, mineures, pour éviter le scandale. Dans les grandes villes, la mendicité chez les jeunes enfants est désormais banale. Une génération sacrifiée alors que restaurants, églises, commerces n’ont quasiment jamais fermé.

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