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Ghana: les productrices de karité s’organisent en coopératives

Le Ghana est devenu cette année le premier exportateur de beurre de karité. Dans le nord du pays, où pousse le karité, cette production est exclusivement réservée aux femmes. Depuis quelques années, les artisanes s’organisent en coopérative pour tirer profit du karité, devenu vecteur de développement dans cette région pauvre et désertique.

De notre envoyée spéciale à Tamale,

C’est une petite cour ombragée, entourée d’une demi-douzaine de bâtiments, en périphérie de la ville de Tamale, la capitale régionale. Sous les margousiers, une dizaine de femmes s’activent autour des bacs, le bras plongé jusqu’au coude dans une pâte brune et épaisse.

La transformation de ces noix en beurre de karité est un procédé long et fastidieux, et presque entièrement manuel, explique l’une de ces artisanes, Fati Fuseini. « Nous cueillons les noix de karité sur les arbres sauvages, puis nous les cuisons à la vapeur et nous les faisons sécher. Ensuite, une machine écrase les noix. Nous les faisons sécher à nouveau, puis nous les broyons encore. Enfin, il faut pétrir la pâte en ajoutant de l’eau et faire bouillir le tout. Il suffit alors de laisser refroidir le beurre, et de l’emballer pour la vente. »

Ce sont une soixantaine d’artisanes qui travaillent ensemble dans cette coopérative. Les effectifs sont répartis entre plusieurs cheffes, précise l’une d’entre elles, Memunatu Salifu. « Nous sommes trois groupes de femmes, chacun d’une vingtaine de membres. Il y a le mien, et celui des autres cheffes, Sana et Adamu. Quand l’un de ces trois groupes reçoit des noix de karité à transformer en beurre, les autres groupes viennent l’aider à honorer la commande, et inversement.  »

Vente locale et exportation

Le beurre de karité ainsi produit est vendu et parfois exporté par des compagnies locales, comme Savannah Fruits. La plupart du temps, celles-ci apportent la matière première aux artisanes et ne paient que la transformation en beurre de karité. Ce genre de contrat rapporte 150 cedis pour trois sacs de noix, soit un peu plus de 20 euros.

Le reste du temps, la coopérative vend le beurre de karité issu de ses propres noix. Le prix pour la vente au détail est à peine plus élevé : 10 cedis, près d’1,40 euro le kilo. C’est moins d’un centième du prix de la plupart des cosmétiques à base de beurre de karité vendus en Europe. Mais la coopérative a permis à ces femmes de gagner un bien meilleur salaire que lorsqu’elles travaillaient seules, comme l’explique Sanatu Mohammed. « Avant la construction de ce centre, on se procurait les noix de karité par petites quantités, 10 bols à la fois. Il fallait les transformer chez nous, puis aller vendre le beurre de karité au marché. Mais depuis que nous avons commencé à travailler en coopérative, on se soutient mutuellement entre femmes, et tout a changé. Le travail individuel ne rapportait que 20 cedis par jour. On gagne bien plus depuis que nous avons uni nos forces. »

Comme elles, près de 3 millions de femmes vivent du commerce du karité dans le nord du Ghana. Une activité économique essentielle, dans cette région déshéritée, où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

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