Dans le secteur Manzenze, sur une rive du fleuve Congo, le mode de vie a changé. Bienvenue Mongoko, la trentaine, est à bord d’une pirogue qui navigue sur des eaux puantes. Un tas d’herbes flotte à la surface. « Le matin, on prend des pirogues, on quitte la maison jusque là-bas. On commence à crier pirogue, pirogue. On appelle, les gens voient et puis ils vous accompagnent jusque chez vous, moyennant 200 francs, 500 francs. »
Ce modeste quartier est déserté par l’essentiel de ses habitants. Pourtant certains sont toujours bloqués dans leurs bicoques en tôles. Après avoir évacué sa famille, si Pierre Salumu est resté dans sa maison lotie et carrelée, c’est pour une bonne raison. « Je reste, je ne peux pas laisser ma maison comme ça, parce qu’il y a aussi des voleurs qui sont autour de chez moi ici, ils risquent de venir encore voler ce qui restait. »
Risque de maladie
L’environnement est tout autre et Pierre s’inquiète : « Il y aura des maladies terribles, tu vois même les fausses sceptiques qui sont déjà l’eau, des déchets qui sont en train de circuler tout autour de la maison, et ça c’est vraiment la maladie, bientôt il y aura des catastrophes dans les quartiers. »
Ceux qui ont fui la montée des eaux se sont massés dans une concession catholique sur les hauteurs du quartier. Ils sont des centaines à s’y entasser. Jean-Paul va y passer sa deuxième nuit avec ses enfants : « On ne sait pas où aller, jusque-là, aucune assistance donc nous sommes disposés à tous les dangers, avec un attroupement comme ça on risque d’être contaminé sans le savoir. »
Seul espoir pour eux, le retrait des eaux d’ici quelques semaines.
On ne pensait pas que l’eau allait monter jusque-là où on est aujourd’hui. Cette fois-ci c’est vraiment terrible, grave. Il y a l’eau qui est remontée jusqu’au niveau des toits des maisons.