Au Cameroun, les avocats qui défendent Sisiku Ayuk Tabe -président du territoire autoproclamé de l’Ambazonie- et ses neuf co-accusés, ont refusé de se rendre hier, lundi 29 mars, devant le tribunal militaire de Yaoundé où devait s’ouvrir le procès (sans cesse repoussé) des chefs séparatistes anglophones. C’est la deuxième fois que les avocats boycottent une audience. Explications.
Les dix prévenus sont accusés, entre autres, d’apologie d’actes de terrorisme, de sécession, de révolution ou d’hostilité contre la patrie. Le collectif, qui réunit une cinquantaine d’avocats, a lancé un recours « pour récuser les magistrats de ce procès ». Il attend qu’une décision soit rendue sur ce point.
La défense « pose également la question préalable du retour au Nigeria de leurs clients en tant que réfugiés »: début mars, une cour d’Abuja a jugé que leur extradition vers le Cameroun en janvier 2018 était « illégale et anti constitutionnelle ».
Maître Emmanuel Simh, joint au téléphone, nous explique pourquoi ses collègues et lui-même refusent de se rendre devant le tribunal militaire de Yaoundé. « Nous avons, ici, affaire à des gens qui font des revendications purement politiques. Nous estimons qu’il appartient au gouvernement camerounais de… redéfinir une nouvelle nation, de définir un nouvel avenir pour notre pays.
Donc, ce n’est pas une affaire simplement judiciaire, c’est une affaire qui a des relents essentiellement politiques. Et donc, du coup, la défense que nous menons c’est une défense de rupture, qui consiste précisément à faire comprendre au juge que ce n’est pas un procès simplement de vol ou d’assassinat. C’est un procès qui concerne des gens qui ont fait des revendications politiques et la solution ne sera jamais judiciaire. La solution devra être politique dans cette affaire ».
C’était la deuxième fois que les avocats des séparatistes anglophones camerounais choisissaient de boycotter une audience (la première fois c’était le 8 avril). En leur absence, le procès a été renvoyé au 17 mai.
► à (re)lire: Cameroun anglophone: au moins 170 civils tués en 6 mois, selon HRW