Avec 299 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes enregistrés dans les hôpitaux burundais, l’hémorragie du post-partum demeure la principale cause de mortalité maternelle, représentant 31 % des cas, selon la Surveillance des Décès Maternels et Périnatals et Riposte (SDMPR 2023).
Réunies à Bujumbura le 10 mai 2025 pour célébrer la Journée internationale des sages-femmes, les membres de l’Association Nationale des Sages-Femmes du Burundi ANASAF-Kira Mama ont mis en lumière la problématique des décès maternels. Malgré des progrès, ce fléau reste un défi majeur. Le taux de mortalité maternelle est passé de 500 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2010 à 334 en 2016, puis à 299 en 2023.
Malgré sa gravité, cette problématique semble négligée au Burundi, où elle continue de faucher des milliers de vies, laissant de nombreux enfants orphelins. P.M., une sage-femme expérimentée, témoigne de la récurrence des décès maternels évitables. Elle déplore le manque de réactivité de certains médecins et responsables de services, souvent absents ou tardant à intervenir lors des urgences.
« Il est regrettable que des femmes continuent de mourir alors que nous avons les moyens de stopper ces décès », confie-t-elle. Selon elle, des discussions inutiles et une mauvaise collaboration entre les soignants aggravent la situation.
Emelyne Iyizire, présidente de l’ANASAF, pointe du doigt le retard des femmes enceintes à se présenter dans les structures sanitaires, souvent par méconnaissance des signes avant-coureurs d’une grossesse à risque. À cela s’ajoutent des défis structurels : manque de personnel qualifié, insuffisance de matériel médical et d’infrastructures adaptées, ainsi qu’une collaboration défaillante entre les professionnels de santé.
L’ANASAF souligne plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, l’absence d’un ordre professionnel pour réglementer la profession de sage-femme limite la structuration du secteur. Ensuite, le déséquilibre entre la formation et l’emploi est criant : sur plus de 3 000 diplômés formés par les universités burundaises, seules 400 sages-femmes sont actuellement employées.
« Cet effectif inactif est un gâchis face à l’ampleur du problème », regrette Mme Iyizire.
Reconnaissant le rôle crucial des sages-femmes dans le suivi des grossesses et l’accompagnement des femmes enceintes, Dr Clémentine Irakoze, directrice chargée des techniques au Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) au sein du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA, insiste sur la nécessité de promouvoir la planification familiale pour réduire les grossesses à risque.
La Journée internationale des sages-femmes, observée le 5 mai, honore le rôle crucial des sages-femmes et met en lumière leur importance pour la santé reproductive, maternelle et néonatale.
Freddy Bin Sengi