« Sans le travail, point de profit », dit-on. Mais quand le travail prend le dessus au point de nous rendre malade, il faut savoir dire stop avant qu’il ne soit trop tard. Et si pour l’année qui vient on se préoccupait plus de notre santé au travail ?
Littéralement, le verbe anglais « to burn out » signifie « brûler jusqu’à éteindre » ou consumer. Ainsi, une personne atteinte de burn out serait « consumée » par le travail. Elle ressent une fatigue intense à la fois physique et psychologique fruit d’un sentiment d’impuissance et de désespoir. C’est ce qui est arrivé à Nadine*, propriétaire d’une entreprise de construction. Il y a de cela plus d’un an, ses nombreuses responsabilités au sein de son entreprise ont failli avoir raison de son mental. Elle témoigne : « Le stress me bouffait chaque jour. Je n’arrivais plus à fermer l’œil de la nuit, je ne m’alimentais plus, je réfléchissais sans cesse aux problèmes que je rencontrais dans mon entreprise. J’étais consciente que je négligeais ma santé mais je ne pouvais pas m’arrêter malgré les conseils de mon entourage. J’avais mis tant d’énergie à la mettre sur pied, cette entreprise…Il était hors de question de la laisser sombrer ». Nadine a fini par développer un ulcère à l’estomac et sombrer dans une dépression au point d’être hospitalisée.
D’après Priscillia Mommens-Valenduc, on ne sombre pas dans le burn out du jour au lendemain. C’est un processus lent et progressif sous forme de cycle selon le modèle de Freudenberger et North qui compte 12 étapes : une motivation sans bornes, des exigences à l’excès, la non considération des besoins personnels, la fuite, la redéfinition des valeurs, le déni des problèmes, le repli sur soi, des changements de comportement manifestes, la déshumanisation, une vide intérieur, la dépression, le burn out proprement dit
Les dimensions du burn out
Selon la psychologue Christina Maslach et la psychiatre Susan Jackson, il existe trois principales dimensions du burn out : l’épuisement émotionnel, quand la victime ressent en permanence une pression tant psychologique que physiologique, se sent littéralement vidé de ses ressources émotionnelles ; la déshumanisation ou dépersonnalisation, quand la personne choisit de se blinder face au monde qui l’entoure, développe une insensibilité de même qu’une vision négative de l’autre et du travail en général. La dernière dimension est l’accomplissement personnel réduit : l’individu victime de burn out a le sentiment de n’avoir aucune emprise sur ce qui lui arrive, que la situation lui échappe totalement. Il se sent incapable de répondre aux objectifs qu’il s’est souvent fixé tout seul. Rongé par un sentiment d’échec, de frustration et de découragement, il a l’impression de »n’être qu’un bon à rien. Son image de lui-même est au plus bas.
Quid des signaux d’alerte?
Une intense fatigue émotionnelle, un sentiment de mal-être, un stress perpétuel, une très grande irritabilité, un changement subit de comportement, des migraines, des maux de ventre ou d’estomac, une raideur musculaire, des insomnies, des crises d’angoisse, une perte d’appétit, etc. autant de signes qui peuvent nous alerter. Pour éviter de sombrer dans cet engrenage, les deux médecins recommandent entre autres d’avoir des horaires de travail décents, d’éviter de cumuler les heures supplémentaires ou de ramener du travail à la maison, de s’octroyer souvent des congés, se fixer des objectifs raisonnables, savoir établir ses priorités, apprendre à déléguer, etc.