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Covid-19 : à Bujumbura, chacun à son rythme

Mis à part les campagnes électorales, les transports en commun, qui, on l’a bien vu, semblent ne pas se soucier des mesures de protection contre le Covid 19, quid des mesures adoptées par les tenanciers des services publics ou privés ? Avec quelle rigueur ?

Malgré la bruine, les habitants de Kanyosha avaient décidé de ne pas se laisser perturber dans leurs business, le bureau de la société de télécommunication (Lumitel) avait déjà du monde à sa queue. « Pas question d’entrer sans se laver les mains ! », fait savoir l’un des gars, à la moustache frétillante, aux quelques clients qui ne veulent pas filer doux.

À l’intérieur, sur le banc réservé aux clients, force est de constater que la garde est baissée. Ils (clients) sont collés les uns aux autres. Leurs regards hâtifs font remarquer une seule préoccupation : « Que mon tour arrive, et je m’en aille ! »

Cela étant, leur inquiétude n’est pas fondée. Les services sont plutôt rapides. Je constate. En moyenne deux minutes, le suivant passe à l’accueil. Là, une autre étape, un autre constant : l’attitude change automatiquement. Comme si le danger resurgissait d’un coup, le client doit se tenir à un mètre de l’employé. Ce dernier avec un masque en tissu lavable. L’agent de sécurité est là pour faire appliquer et respecter la mesure. À chaque client qui ébranle légèrement la chaise, une douce main sur ses épaules, pour lui prier de bien vouloir se lever et réajuster la chaise. Une protection à sens unique, selon l’avis de K.M, trouvé sur place : « C’est une bonne chose qu’on exige le respect des mesures barrières. Mais la distanciation sociale devrait aussi être appliquée entre les clients.»

À ma deuxième destination, le port de masque est obligatoire

Entre l’Église anglicane et le centre communautaire, devant l’ambassade de France, gît dans toute sa quiétude l’immeuble abritant la société Rainbow Angel S.U. Les amateurs des « stages professionnels » s’en souviendront pour quelque chose. Le lavage des mains est la première dette à s’acquitter. Enfin, c’est devenu la routine. Pourquoi je le répète encore ? 

Peut-être parce que là, je dois faire mine de ne pas le savoir. Bien que je sache que depuis quelques jours, à cet endroit, le port de masque est obligatoire. Je fonce donc tout droit vers le préambule de l’entrée. Mais pas deux mètres que l’agent de sécurité ne m’interpelle, me rappelle que je dois me laver les mains et mettre un masque. « Masque ? Nayibagiye », (Je l’ai oublié) lui dis-je après m’avoir lavé les mains et en avançant sur de pas précipités. Son collègue me barre la route. Avec un message clair. « Reka guforça sha. Mbwira uwo ushaka ndamuguhamagarire ». ( Ne force pas mon ami, dis-moi qui tu veux et je te l’appelle). Je dois donc rebrousser chemin. 

À ma troisième destination,  on se lave à son gré 

Me trouvant de l’autre coté du chaussé Prince Louis Rwagasore, à quelques mètres de la porte de l’agence Coopec,  je peux capter au loin les cris des rabatteurs des bus du nord. Avec le même modus operandi, j’avance en faisant fi du seau à un mettre de l’entrée. Le policier, qui savoure une de ses mélodies préférées, le battement de son pied droit contre le sol le témoigne, n’est sûrement pas là pour voir qui se lave ou pas. Ainsi, je me retrouve à l’intérieur sans être inquiété. Le constat est amer. Se lave qui veut. 

À l’intérieur, la demoiselle à l’accueil, qui discute avec 5 autres clients, à quelques centimètres près, sans masque, m’indique gentiment où trouver les bordereaux de versement. Au niveau des guichets, le constat est le même. La distanciation sociale n’est pas respectée. Sauf que là, l’architecte a songé à réduire les risques. Le client et l’employé sont séparés par une sorte de vitre laissant une petite fenêtre pour donner/recevoir l’argent et tout ce qui va avec.

Un seau à eau, avec du savon dessus, n’est pas, pour le Covid, ce qu’est, pour les oiseaux, cet effarouché qui les fait fuir à première et simple vue. Il est du devoir de chacun de s’impliquer. La bataille, bien qu’elle soit contre un ennemi invisible, peut être remportée. Le Burundi a la chance d’être parmi les pays les moins touchés. Peut-on aussi dire épargnés, au vu de la situation qui prévaut dans d’autres pays. Profitons-en donc. « Mieux vaut prévenir que guérir », dit-on.

 

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