À la veille de ce jour à marquer d’une autre pierre noire, des messages inquiétants à propos de l’enlèvement du cambiste Jackson Simbananiye, connu sous le sobriquet de Kirahwata, ont été relayés sur les réseaux sociaux. Au petit matin de ce 14 mai, son corps sans vie a été retrouvé dans un caniveau au quartier Nyakabiga 2, sur l’avenue de l’Imprimerie. Le blogueur Déo exprime son indignation.
Il est 8 heures 16 minutes à Bujumbura, le message tombe dans le groupe Whatsapp : « Le cambiste Kirahwata retrouvé mort et jeté dans un caniveau de l’avenue de l’Imprimerie à Nyakabiga 2. Les habitants l’ont constaté aux environs de 6h. Il a une corde au cou. Les OPJ sont en train de faire le constat. ». Pour éviter tout équivoque, l’auteur ajoute : « C’est moi qui écris ça. »
Et les réactions fusent. La première : « Vivre au Burundi, c’est aussi être prêt à mourir à tout moment. » La suivante vient comme pour riposter : « Tout le monde vit [en attendant l’échéance de la mort]. [Mais chez nous, on vit] tout en sachant que ta vie ne signifie absolument rien. Que la vie d’un chien dans d’autres contrées a plus de valeur que la tienne. Vivre comme un canard et mourir comme un canard. »
Dans mon coin, je lis. Ça me perce dans le cœur. Je ne sais pas quoi dire. Je ne veux surtout pas y croire. Kirahwata est-il vraiment mort ? Vraiment ? Hier, tard dans la nuit, j’avais vu des messages circuler sur Whatsapp, alertant sur son enlèvement. Je me suis dit que ça ne devrait pas être aussi grave, que ce serait peut-être une arrestation nocturne, ce qui arrive parfois à Buja. Mais pour de vrai, il a été assassiné ?
Désespoir
Kirahwata, un connu de (presque) tous les habitants de la capitale pour son métier de cambiste. Je m’imagine dès ses débuts dans ce métier à son succès dans les affaires, il embauchait d’autres personnes. Le Burundi a besoin des gens comme lui, surtout en ce moment où le chômage sévit à plus de 60%.
Ça me rappelle la disparition, et puis l’assassinat du sénateur Oscar Ntasano, un autre homme d’affaire. Lui aussi, mort dans des circonstances louches. Après sa mort, rien de sérieux n’a été fait. Juste un communiqué de la police.
Mais, où va notre pays ? Quel avenir avons-nous, dans un pays où l’on peut se faire écraser comme un simple moustique ? En vérité, je me sens fatigué de vivre dans un pays comme si c’était dans un étang qui héberge des canards.
Les mains du mal
Quand est-ce que mon Burundi connaîtra un processus électoral tranquille ? Le processus en cours est déjà jonché de multiples et multiformes irrégularités. Le fichier électoral qui interpelle, l’emprisonnement des opposants et autres formes de violences entre militants, etc. Ce ne sont là que des exemples. Toutefois, celui-ci reste différent de ceux de 2010 et 2015.
En vérité, je ne m’attendais pas à ce qu’il s’ajoute les assassinats aussi honteux que celui de Kirahwata. L’heure est grave ! Et les plus malins nous diront qu’il existe de « mauvaises langues » qui ternissent l’image de notre pays.
Seul le vrai Dieu nous sauvera. Entre temps, je retourne dans mon coin ruminer ma tristesse en écoutant Ijwi ry’umunyagihugu (La voix du citoyen) de Lion Story.