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Débat : « Missionnaires vs Colonisateurs », quelle était leur relation ?

Vous n’êtes pas sans savoir qu’avant l’arrivée des colonisateurs au  Burundi, d’autres étrangers, des missionnaires entre autres, les avaient précédés. Si une opinion parle de complicité entre les deux, un débat sur la question vient de se tenir à Gitega, sans être tranché, et aura eu le mérite de poser une certaine dose de relativisme.

Un constat d’abord, partagé. Avant l’introduction des religions étrangères (chrétiennes et islamiques) au Burundi, les Burundais n’étaient                         pas moins religieux. Au contraire. Dieu était partout et dans tout. C’est du moins ce que dira Ildefonse Sindarubaza, participant au débat,  pour qui, dans le Burundi ancien, la religion avait une place importante et Dieu présent dans et partout, en témoigne les proverbes, les noms, ou certaines pratiques, etc.  « Comme aujourd’hui nous avons les églises, dans  le Burundi d’antan, il y avait ce qui était appelé « Ibitabo », ces endroits, souvent placés au sommet de montagnes et qui servaient de lieu de culte. 

Pour Georges Nshimirimana, il n’y a pratiquement pas de différence  entre la religion ancienne et celle pratiquée aujourd’hui. Comme il y avait Kiranga,  essaie-t-il d’expliquer, aujourd’hui il y a Jésus Christ ou Mahomet. Un peu comme si ces derniers ont remplacé Kiranga, conclut-il. 

Une idée que ne partage pas Marie Rose Haberisoni. Selon cette jeune femme, si l’on a actuellement une certaine liberté de culte, ce n’était pas le cas pour la religion ancienne qui semblait imposer les pratiques de culte.

Et les missionnaires s’invitèrent. Mais pour quelle mission ?

Nous sommes au 19ème siècle. Après les explorateurs, c’est au tour des missionnaires de découvrir la terra incognito qu’était le Burundi. C’est ce que précisera Ferdinand, un licencié en Histoire qui ajoute un autre détail non moins important. « Ces premières missionnaires avaient pour mission de préparer l’arrivée des colonisateurs. En témoigne, assène-t-il,  des rapports (diaires) transmis par les missionnaires et qui étaient consultés par les colonisateurs ». Une preuve pour lui d’une certaine complicité entre les deux.

Si cette idée est partagée par beaucoup d’autres participants au débat, Audace a de son côté une idée un peu relativisée. Comme il le dira lui-même, il faut une dose de relativisme, car, explique-t-il, « parmi les missionnaires, il y a ceux qui ont fait de très bonnes choses et d’autres qui peut-être auraient failli et servi d’éclaireurs aux colonisateurs. »

Une idée que semble partager Patient Carmel, jeune étudiant. Pour lui, trois raisons peuvent expliquer l’arrivée des missionnaires. C’était d’abord  dans le but d’élargir leur champ d’action. C’est ensuite dans le but de répandre l’évangile pour de vrai et enfin, sans se réduire à cela, ces sont des missionnaires qui auraient contribué à la préparation du chemin aux colonisateurs qui ne tarderont pas de débarquer. 

Une complicité pas toujours au rendez-vous

L’historien Eric Ndayisaba n’est pas de cet avis. Pour lui, les deux avaient leurs propres objectifs. D’ailleurs, avance-t-il, les relations entre les missionnaires et les colonisateurs n’ont pas toujours été tendres. Des mésententes entre eux ont des fois eue lieu sur fond, des fois, de disputes pour les travailleurs burundais, chacun voulant les exploiter à son compte. 

Les mésententes se remarqueront aussi quand par exemple, il s’agit pour les Burundais de se rendre à l’étranger pour pouvoir payer l’impôt. L’église, constatant qu’elle perdait une partie de ses fidèles ou de la main d’œuvre verra ces migrations d’un mauvais œil. Des exemples, conclut cet enseignant, qui montrent qu’entre les deux institutions, bien qu’en quelque sorte complémentaires, la complicité n’était pas toujours de mise. 

 

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