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Le saviez-vous ? Le Burundi existerait grâce aux clans !

Dans un pays comme le Burundi meurtri par l’ethnisme, il est intéressant de constater que par le passé (lointain), c’est plutôt les clans qui avaient le droit de cité. En témoignage le rôle qu’ils auraient joué dans la fondation de la monarchie. 

Ça vaut peut-être la peine de le rappeler. Ntare Rushatsi est ce roi qui a le mérite d’être le fondateur de la monarchie burundaise. Ou pour le dire  autrement, c’est lui qui a unifié les petits royaumes existants avant son arrivée, constituant  ainsi un seul royaume, celui du Burundi. 

Mais quel rôle ont  joué les clans dans cet élan d’unification  monarchique ? Les Bahanza, les Bajiji, les Benengwe, Banyakarama…, ces mots vous  sont sans doute familiers. Ils constituent des clans aux principales fonctions du temps de la monarchie. Pour le cas qui nous concerne, ils ont été des pièces motrices dans la constitution de la monarchie ou dans l’installation de Ntare Rushatsi au trône.

Certaines recherches déjà faites sur le sujet l’attestent. Ainsi, par exemple, citant Jean Vansina, Augustin Mariro écrit que la famille régnante ou la dynastie ganwa serait sortie des Bahanza. De leur côté, les Bajiji fournissaient de nombreux devins à la cour et nombre d’entre eux furent investis en qualité de sous-chefs. Mieux encore, ce sont ces derniers qui avaient les secrets de l’Umuganuro, cette fête de semailles symbole de la monarchie.

Mais comment en est-on arrivé là ? 

À en croire  l’Historien Emile Mworoha, selon la légende, Ntare Rushatsi, « venu du Buha », serait au départ du clan des Bahanza. Cette légende est fondée sur le fait que Ntwero, grand père de Ntare était lui-même muhanza. Et dans une société patrilinéaire, cela ne peut être que compréhensible, explique cet ancien professeur d’université aujourd’hui en retraite.

Qui plus est, selon la tradition légendaire, celle qui fait venir le monarque-fondateur du Buha actuel (en Tanzanie), le pays était jadis gouverné par un monarque incapable, ce qui le plaçait dans une situation de famines permanentes. C’est ainsi que les notables, en réalité issus des principaux clans,   se seraient réunis pour consulter le devin Mitimigamba. Ensemble, ils ramenèrent le nommé Cambarantama qui devint le premier roi du Burundi (Ntare 1er). Suivra un travail d’unification de plusieurs petits royaumes dirigés par les roitelets.

Seulement, faut-il le souligner, cette entreprise d’unification n’a pas été sans résistance. Un roitelet du nom de Ruhinda, note Emile Mworoha, aurait  résisté avant d’être vaincu par Rushatsi et ses soutiens, sans doute parmi ses principaux clans. 

Et les Baganwa ? 

Dans son « Burundi. De la nation aux ethnies ou la naissance d’une élite tribalisée », Augustin  Mariro note que les Baganwa ou les princes de sang royal occupant la fonction de gouverneur de chefferie administrative n’existaient pas encore dans les premières années du règne de Ntare Rushatsi, quoiqu’il soit possible que le premier monarque vers la fin de sa vie, ait commencé à donner des apanages à ses fils. Ce n’est que vers la fin de sa vie, après avoir suffisamment consolidé son pouvoir que Ntare 1er aurait confié les responsabilités à ses fils.  

On vient de le voir, la légende se rapportant à la fondation du royaume du Burundi par la dynastie ganwa nous révèle que Ntare 1er appartiendrait au clan des Bahanza, un des plus anciens clans du Burundi. Cette circonstance, en effet, écrit Vansina, expliquerait assez pourquoi les descendants de Ntare (les ganwa) formèrent une « caste » spéciale. Elle expliquerait aussi pourquoi les Bahanza représentaient, après leur mort, les rois et les reines-mères, ou pourquoi ils étaient les gardiens du tambour (d’appel du roi), le Rukinzo. 

Quant aux Banyakarama, les Benengwe essentiellement, ils constituaient des clans parmi lesquels le roi trouvait sa femme. C’est dire leur importance dans le fonctionnement de la monarchie. 

Cependant, Mworoha tient tout de même à mettre en garde : « Tous ces récits sur la fondation de la monarchie font partie des légendes difficiles à corroborer, surtout dans  nos sociétés dominées par l’oralité ».

 

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