Suite à des cotisations tous azimuts, l’enseignant burundais crie au scandale. Le droit syndical étant garanti par le code du travail burundais, qu’en est-il de ces contributions ? Bernard fait partie des 80 mille enseignants burundais qui se disent fatigués.
Bernard (pseudonyme) est un enseignant du secondaire depuis une dizaine d’années. Il est membre du syndicat le plus ancien. Faisant partie des enseignants redéployés, il lui est difficile de joindre les deux bouts du mois.
De prime abord, Bernard cotise à la mutuelle de la fonction publique, puis a l’Office National des Pensions et des Risques (ONPR). Les cotisations diffèrent d’un syndicat à l’autre. Tantôt, c’est 1000 fbu, tantôt 1500 fbu mensuellement. La cotisation au fonds de logement pour enseignant est de 6000 fbu par mois. Elle passe cette année à 12000 fbu. Il explique sa situation : « Pour arriver au lieu du travail, je dois effectuer un trajet éprouvant à moto, que je paie 1500 fbu. J’ai une famille à Bujumbura que je fais vivre, mais également j’ai dû louer une chambrette à mon lieu de réaffectation. Ajoutez à cela les 2 années de cotisation pour les élections… Et voilà qu’aujourd’hui, on me demande encore une autre contribution, dans quel but? Que vais-je que devenir ? »
Étant déjà membre d’un autre syndicat, et avec un salaire net de 310 000 fbu qui fond sitôt perçu, il se demande à quoi vont servir ces 500 fbu retenus à la source sans son consentement. « Personne ne doit me forcer à adhérer à d’autres syndicats. Mon salaire est déjà assez émietté comme ça ! », enrage-t-il.
Violation des droits de l’homme
Comme le pensait Bernard, toute retenue sur son salaire sans son consentement, viole ses droits de propriété. La Commission indépendante des droits de l’Homme précise que le consentement doit être écrit et signé. Le bien-fondé de toute initiative doit faire objet de concertation préalable, dixit Sixte Vigny Nimuraba, le président du Cnidh.
En outre, se conviennent les juristes et défenseurs des droits de l’homme, le salaire a un caractère tangible et sacré. Maître Jacques Bitababaje évoque les conventions sur la protection du salaire et la liberté syndicale que Gitega a ratifiées. Autre texte, c’est l’article 19 de la Constitution du Burundi.
Pourquoi alors ces agissements à l’encontre des droits de l’enseignant ? Doit-on recourir à la justice pour régler les différends ? Bernard va-t-il trouver son compte lui aussi parmi les personnes à assister ? Des syndicats, des confédérations et des coalitions naissent comme des champignons pour défendre les droits de l’enseignant. Serait-ce finalement un écran de fumée ?