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SOCIETE

Rumonge dans l’incapacité de gérer les déchets

Les déchets ménagers sont un casse-tête dans certaines villes du Burundi, surtout celles qui regorgent d’un nombre important d’habitants. C’est le cas notamment pour la ville de Rumonge, qui voit la biodiversité du lac Tanganyika menacée.

La ville de Rumonge se situe au sud du Burundi, en Province Rumonge. Elle est composée de huit quartiers dont quatre au Sud, les autres se situant au Nord. Ces quartiers sont séparés par Mugerangabo, canal principal qui rassemble presque toutes les eaux de la ville et les achemine vers le lac Tanganyika. Au sud de la ville, juste avant d’y entrer, une odeur nauséabonde vous accueille. Aux deux côtés de la RN3, de petits enfants sont courbés, cherchant dans les immondices de quoi se mettre sous la dent.

C’est la même scène qui se présente autour du marché central. Tous les autres quartiers ne sont pas épargnés par ces déchets qui formeraient d’ailleurs leurs propres quartiers si on parvenait à les regrouper. Ils sont constitués de produits biodégradables et non biodégradables. 

Une gestion difficile

Jean Marie Niyonkuru, un jeune habitant au quartier centre urbain témoigne : « La Société  ‘‘SOTECO’’ avait pris les choses en mains. Il y avait une camionnette qui circulait tous les matins, quartier par quartier pour collecter ces déchets. La réserve naturelle de Nkayamba avait été longtemps le dépotoir. On y jetait tous ces déchets provenant des huit quartiers. Les défenseurs de l’environnement se sont levés et la SOTECO a dû arrêter ses activités. »

Aujourd’hui, confie Jean Marie, les jeunes garçons qui gagnent de l’argent en déplaçant les gens sur les vélos en profitent. Ce sont eux qui acheminent les sacs des déchets provenant de différents ménages et les jettent où bon leur semble. Chaque ménage paie entre 1000 et 2000 fbu. Ce sont ces mêmes déchets qui constituent actuellement les montagnes dans les différents quartiers mais leur destination finale reste la même : le lac Tanganyika. 

Le lac Tanganyika menacé

Quand il pleut, certains habitants de la ville de Rumonge jettent les déchets dans les caniveaux. Ces derniers accueillent aussi par ruissellement, une importante quantité de déchets qui sont éparpillés dans les quartiers direction le lac Tanganyika.
Dieudonné Ndagijimana habite tout près du lac. « Le soir, les habitants des ménages situés près du lac viennent avec des sacs remplis de déchets pour les jeter librement dans le lac. Seuls ceux qui viennent le matin ont honte et les jettent tout près du lac », témoigne-t-il en pointant du doigt une montagne des immondices, tout près de femmes qui vendent les ndagara.

Après les unités de transformations des noix de palme en l’huile, ces déchets constituent une autre forme de pollution. Léonidas Nzigiyimpa, représentant légal de l’association « Conservation et Communauté de Changement », indique que ces déchets s’accumulent dans le lac Tanganyika et menacent sa biodiversité. Les déchets surtout non-biodégradables tuent beaucoup de poissons et autres animaux vivant dans le lac. Ceux qui ne sont pas tués les avalent. Et plus tard, l’homme en consomme. Ces sachets constituent de ce fait un danger pour la santé humaine. Pour cet ancien travailleur de l’office burundais pour la protection de l’environnement, les habitants des villes situées sur le littoral des lacs doivent adopter un comportement responsable pour la gestion des déchets.

L’image de Rumonge entachée

La ville de Rumonge est historiquement classée parmi les grandes villes du Burundi. Dans les années 1990, après Bujumbura et Gitega, Rumonge occupait la troisième position. Malheureusement, la ville traîne aujourd’hui une très mauvaise réputation. Périodiquement, cette ville enregistre des cas de maladies liées au manque d’hygiène comme le choléra. Ces maladies emportent des vies humaines. 

Certes, le changement de mentalités doit s’opérer au niveau de la population, mais il devrait également concerner les autorités publiques pour résoudre ce problème, notamment, au moins, par la mise en place d’un dépotoir public qui accueillera ces déchets. Au cas contraire, l’ancienne troisième grande ville sera la première des villes sales du Burundi.

 

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