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La malédiction de naître « nain » au Burundi

Au Burundi, le fait d’être une personne de petite taille n’est pas une chose facile à vivre. Ils sont méprisés, marginalisés. Pourtant, malgré toutes ces peines, quelques-uns arrivent à se sortir du lot et deviennent même des célébrités. Témoignage.

« Les gens ont un regard différent sur nous. Quand je marche dans la rue, je suis le centre des attentions. Certains se moquent ouvertement de ma petite taille. Les gens ne me prennent pas pour un être humain. Ils me regardent avec mépris et j’ai l’impression d’être tout le temps ridicule. Le seul respect que je pense percevoir, provient de ma famille », se plaint Dorine rencontrée à Kamenge. Dans les faits, c’est un peu comme si le « nain » n’avait pas sa place dans la société.

Infirme, monstre, …tels sont les différents qualificatifs que la société burundaise colle (à tort) aux personnes de petite taille. Discriminés et découragés, on leur fait croire qu’ils sont des « incapables ». La conséquence est qu’ils finissent par se considérer eux aussi comme invalides et sombrent dans le désespoir. Déjà à l’école, ils sont la honte devant ses camarades. Toutes les occasions et tous les moyens sont bons pour leur faire croire qu’ils sont une erreur de la nature et qu’ils ne peuvent avoir les mêmes aspirations qu’un humain de taille normale. 

Difficile d’être femme « naine »

« Je voulais avoir un homme qui ne ressemble pas à moi, mais il m’était difficile d’en trouver un », raconte Kayitesi. Une situation qui contraste avec celle de Christine, une autre personne de petite taille. « J’avais un copain de taille normale qui m’aimait. Il voulait à tout prix qu’on se marie. Mais sa famille ne m’a jamais acceptée, car elle ne me considérait pas comme une personne, plutôt comme un monstre. J’ai compris que je n’aurais pas la paix avec lui. J’ai décliné sa demande. »

Un tel calvaire existe aussi chez les hommes de taille réduite. Jean, habitant Carama nous raconte son histoire. « J’ai 28 ans et à mon grand désespoir, je n’ai pas eu encore le privilège d’être en couple avec une demoiselle. C’est une situation qui me fait souffrir et que je n’ai malheureusement pas choisie. Je suis assez loin des standards des femmes d’aujourd’hui. Je pense que malheureusement, peu de femmes seraient prêtes à sortir avec quelqu’un possédant ce physique. Je n’ai pas de difficultés particulières à leur parler, mais bon, aller les draguer, c’est une autre histoire. Je sais que, de part ma taille, elles ne voudraient même pas, ne serait-ce qu’envisager une relation avec moi. »

Pourtant….

Si pour les uns le quotidien est un véritable calvaire. Pour les autres, leur différence physique ne pose pas de problèmes. Au Burundi, les exemples les plus connus sont par exemple Raphael Niyonkuru, Komando le comédien. Ailleurs, Peter Dinklage (Tyrion Lannister) est une star dans la série à succès Game of thrones, André Bouchet alias Passe Partout dans Fort-Boyard. Chez nos frères Rwandais, nous avons Nzovu, Nyinawambogo et bien d’autres. Des exemples qui devraient inspirer d’autres personnes de petite taille à sortir de leurs retranchements.

En réalité, rien ne devrait être surprenant quand un supposé « nain » fait mieux que ceux dits normaux. Ils peuvent être meilleurs malgré les durs combats sociaux qui les hantent. Pour ce, le gouvernement devrait adopter une politique claire pour protéger leurs droits comme on l’a fait pour les albinos, afin de mettre fin aux discriminations dont ils sont victimes. Il devrait aussi favoriser leurs intégrations sociales, car selon les droits de l’Homme, tout être humain a le droit d’être traité avec dignité et respect.

 

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