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SOCIETE

Le prêt-bourse : un fruit amer mais à consommer

Le 22 mars 2018 est sortie une ordonnance conjointe portant conditions, modalités d’octroi, de retrait et de reconduction du prêt-bourse. Octroyée depuis l’année académique 2017-2019  aux étudiants de différents cycles universitaires, cette bourse est indispensable mais a un coût. 

D’après l’article 9, 10 et 11 du contrat de prêt-bourse que doit signer l’étudiant du premier cycle, tout bénéficiaire de ce prêt-bourse doit le rembourser dès qu’il exerce un emploi et/ou une activité génératrice de revenu. Celui-ci reste tenu à l’obligation de rembourser la totalité du montant perçu même s’il n’a pas terminé ses études ou s’il lui a été retiré suite au manquement au présent contrat. Le remboursement minimal est fixé à 10 % de son revenu.

De plus, le refus délibéré du remboursement du prêt-bourse donne lieu à des poursuites judiciaires conformément à la loi. Le bénéficiaire du prêt-bourse qui est embauché ou qui ouvre une activité génératrice de revenu est tenu d’en faire une déclaration à la direction du Bureau des Bourses d’Études et des Stages (BBES) qui lui en indique les modalités de remboursement. La non-déclaration qui est occasionnée par le retard de remboursement sera sanctionnée par une pénalité mensuelle de retard prévue par la loi fiscale.

Vu toutes ces modalités de remboursement du prêt-bourse, j’ai eu peur de le demander. Ainsi, j’ai partagé mes inquiétudes avec les autres. Mais, nous nous sommes imaginés quoi faire pour survivre dans la ville où nous vivons seuls loin de nos familles. Il ne nous restait plus qu’à signer le contrat sans chercher de midi à quatorze heures. J’ai constaté que presque tous les étudiants, moi y compris, signaient leurs contrats sans même lire et analyser ses articles. Ce qui prouve qu’en l’absence du soutien de l’État, nous étions incapables de continuer nos études, même si nous avons eu la chance de réussir à l’examen d’État. La pauvreté dans les familles en est la cause car, ceux qui ont les moyens, fréquentent les universités privées au Burundi ou bien ailleurs.

À qui le master ?

L’article 3 de ce même contrat stipule que ceux qui ont déjà une créance de prêt-bourse non encore liquidée pour le cycle précédent ainsi que ceux qui poursuivent le programme soir, sont exclus du prêt-bourse. Parfois, j’imagine qui parviendront à rembourser la totalité du prêt qui équivaut à deux millions cent soixante mille francs burundais, pris au cours du premier cycle, pour suivre leurs études du deuxième cycle en bénéficiant d’un autre prêt ? Ou bien y aura-t-il une autre personne qui vous prendra en charge à la fin ? Je pense que non ! Le deuxième cycle sera alors un pont à franchir pour seulement ceux qui ont les moyens. Pour nous, les pauvres, la fin du Bac sonnera notre retour à la colline. Puisque, sans que l’intervention de l’État, ceux qui auront réussi à l’examen donnant accès l’entrée au deuxième cycle, ne pourront pas continuer faute de moyens.

Mon constat va dans le même sens que celui de mes camarades. Selon Phanuel, étudiant dans le deuxième baccalauréat à l’Université du Burundi, « 60 000 fbu, c’est mieux que  la bourse que recevaient nos prédécesseurs. Le problème, c’est que c’est un prêt ! Mais il n’y a pas d’autres choix, nous devrons le prendre. Les conditions de remboursement ne seront pas du tout favorable sauf si le gouvernement nous offre l’emploi », avant de poursuivre : « Autre chose, c’est que je vois bien que continuer le deuxième cycle s’avère impossible. Je ne vois pas où trouver les moyens pour louer une maison et avoir de quoi mettre sous la dent car le gouvernement ne nous donnera un autre prêt que quand nous aurons fini de rembourser le précédent»

Clin d’œil

Si l’État s’engage à octroyer le prêt pour suivre nos études, qu’il le fasse alors pour tous les cycles sinon nous serons privés de nos droits. 

« Étudier sans bénéficier ni de la bourse ni du prêt ne leur sera pas facile », explique l’une des personnes œuvrant à la « Cellule Bourse » de l’Université du Burundi. « Mais, ajoute-t-il, les concernés devraient soumettre la question au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique pour demander si on pourrait leur donner un autre prêt au deuxième cycle ». 

L’État doit aussi jouer un rôle non négligeable pour remédier au chômage afin de récupérer son argent. Si nous resterons oisifs, nous demander de rembourser, sera comme achever un malade à l’agonie.

 

 

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