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Ma grand-mère, mon héroïne

Aux États-Unis, le 1er dimanche de septembre suivant la fête du travail, on célèbre la fête des grands-parents. Au Burundi, cette fête n’est pas célébrée. Pourtant, les grands-parents ont besoin du respect et d’une attention particulière, car eux aussi, contribuent à l’édification de la société burundaise. L’orphelin Steve (nom d’emprunt) raconte, sous la plume d’un blogueur de Yaga, la bravoure de sa grand-mère après la mort de ses parents.

Mon père est mort quand j’étais très petit. Dès lors, ma mère était obligée de nous élever seule, mes deux petits frères et moi. Ce n’était pas facile d’assurer cette responsabilité, car elle n’était pas en bons termes avec sa belle-famille qui, coûte que coûte, voulait prendre des décisions à sa place, concernant les biens de mon regretté père. Elle a fait de son mieux afin que sa progéniture mène une vie relativement bonne. Mais comme on dit, un malheur ne vient jamais seul, cette situation n’a pas duré longtemps.

Un certain vendredi après-midi, je revenais de l’école, ma tante maternelle m’accueillit avec cette phrase: « Ta mère n’est plus.». Je ne me souviens pas de la suite, je ne sais pas si j’ai crié ou pleuré, simplement, je me suis réveillé le lendemain dans une autre maison, loin de chez nous, chez ma grand-mère maternelle. Ainsi, je suis devenu orphelin à l’âge de huit ans. Je n’ai pas eu l’occasion de rendre un dernier hommage à ma maman, ni de l’accompagner jusqu’à sa tombe.

Ma mère est morte suite à une maladie, contrairement à mon père, victime de la guerre civile qu’a connue le Burundi. Je ne sais même pas où il est enterré, peut-être dans une fosse commune. Après les obsèques et la levée de deuil de ma bien aimée maman, la vie a continué mais sous une autre forme. Ça m’a pris du temps pour digérer la situation et je n’imaginais pas que quelqu’un pourrait combler le vide laissé par ma mère.

Ma grand-mère, ma seconde chance

À cette époque-là, j’étais très jeune. J’avais besoin de quelqu’un susceptible de me prendre en charge sans rien attendre en retour. Ma grand-mère est apparue comme une seconde chance qui m’était offerte. Vivant de l’agriculture de subsistance comme tant de Burundais, elle ne s’est pas ménagée pour nous offrir une vie décente, allant jusqu’à jeûner pour pouvoir acheter mon matériel scolaire ou payer le minerval. 

D’elle, je garde toujours ses conseils à cœur : « Il faut aimer l’école car avec un diplôme en poche, tu pourras faire ce que tes parents n’ont pas pu réaliser ». Elle m’a aussi montré qu’être l’orphelin n’est pas forcément synonyme de malheur pour le reste de sa vie. Certes la vie n’est plus jamais la même, mais elle continue malgré tout et si on travaille bien, on peut s’en sortir. 

La valeur des grands-parents

Je me rappelle en 2015 quand j’étudiais encore à l’école secondaire, elle m’avait dit : « Efforce-toi d’avoir, cette année-ci, des notes qui donnent accès à l’université publique, car je ne serai pas en mesure d’assurer ta formation dans une université privée ». Actuellement, même si je suis assez grand, je compte toujours sur ma grand-mère. Elle est septuagénaire, sa santé se fragilise et en plus de cela, la situation économique est défavorable. Malgré cela, elle continue à soutenir mon cursus académique.

Les personnes âgées ont une grande importance dans la société burundaise. Il y a une phrase, parfois prononcée quand un enfant élevé par des grands-parents commet une faute, qui devrait être remise en cause : « …ntibitangaje yarerewe kwa Inakuru » (Ce n’est pas étonnant, il a été élevé par sa grand-mère). Or, ma grand-mère a tout fait pour que j’aie une éducation solide et une discipline. Aujourd’hui, je suis qui je suis grâce à ses conseils et son attention. Je n’ai pas eu l’occasion de jouir de la tendresse de mes procréateurs, et pourtant, c’est grâce à ma grand-mère que j’ai la joie de vivre.

* Ceci est une histoire vraie

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