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Burundi : le travail des enfants, ça nous concerne tous!

Le 12 juin de chaque année, le monde célèbre la journée internationale contre le travail des enfants. Au Burundi, le phénomène des enfants travailleurs est évident et ne semble pas préoccuper la société.

« La seule chose qu’un enfant devrait faire travailler est son imagination ! », tel est le thème choisi en 2019 par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à l’occasion de la journée. Le travail des enfants étant une réalité au pays de Mwezi, ce dernier s’associe au reste du monde pour célébrer cette journée.

Alors qu’en principe, les enfants ont le droit d’aller à l’école sans distinction aucune et doivent être protégés contre la violence, la maltraitance et toute forme d’abus et d’exploitation, force est de souligner  qu’au Burundi beaucoup d’enfants issus des familles pauvres, sont contraints d’abandonner l’école.

Pour la seule année scolaire 2017-2018, 171 652 jeunes ont déserté les salles de classe. Et si certains d’entre eux peuvent aider leurs parents après l’abandon des études, nombreux sont ceux qui sont employés comme des domestiques.

Et  d’après une enquête menée par  l’ISTEEBU et l’UNICEF en 2014  sur le travail domestique des enfants dans les provinces de Rumonge, Gitega, Ngozi et Bujumbura Mairie, il en est ressorti que 19 031 enfants sont des travailleurs domestiques. Parmi eux, 13 239 sont des filles  et 5 792 garçons.

À Bujumbura, selon David Ningaza, chargé de protection de l’enfance à la SOJPAE (Solidarité de la Jeunesse pour la Paix et l’Enfance), cinq ménages  sur sept emploient des filles mineures.

Une main-d’œuvre « bon marché »

À 14 ans, Joselyne (pseudo) est venue à Bujumbura à la recherche du travail. Elle est à la fois groom et nounou. « À cause de la pauvreté, j’ai dû arrêter l’école pour gagner ma vie ailleurs. Mon travail est diversifié et quasi-illimité. Je suis chargée de faire les courses, la cuisine, le ménage, la lessive et emmener les enfants à l’école », dit-elle.

« Une main d’œuvre » bon marché dont ne se passerait Claudine, une maman de deux gamins : « Les enfants sont préférables, car leurs salaires sont abordables par rapport aux adultes ».

Cette situation ne concerne pas que les domestiques. Du  haut de ses 11 ans, Abdoul fait du commerce ambulant des arachides aux différents parkings du centre-ville de Bujumbura. « Je n’ai pas le choix. Je dois travailler pour que ma mère et moi puissions manger », confie-t-il, visiblement fatigué par le trajet Buterere-ville qu’il doit parcourir à  pied chaque jour.

La pauvreté sur le banc des accusés, mais pas seulement

Selon la FENADEB, la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi, « au Burundi, le travail des enfants est une triste réalité généralement due à la pauvreté des familles […] ». Une pauvreté des familles couplée à celle des enfants tel que cela transparaît dans un rapport de l’UNICEF sur la pauvreté des enfants au Burundi. Ce qui impacte à coup sûr leur scolarisation et les obligent par conséquent à travailler dès leur jeune âge.

Mais la pauvreté est-elle la seule cause à blâmer ? Pas du tout, selon David Ningaza, pour qui « la négligence de certains parents, des lois lacunaires pour ce qui est du travail domestique surtout, une scolarisation non-obligatoire et un manque de sensibilisation, sont parmi les causes qui favorisent le travail des enfants ». Pour cet activiste, « un combat sur ce terrain  doit être mené ».    

Quelle voie de sortie ?

«Même s’il faut reconnaître certaines avancées, souligne David Ningaza (il n’y a plus d’enfants dans les sites d’extraction minières, dans les plantations de thé et de café), un travail de titan reste à  faire.»

De notre avis, cela doit passer par le bannissement des abandons scolaires et la scolarisation minimum obligatoire. À ce titre, des campagnes à l’instar de Back to school , et c’est un exemple, soutenue par l’UNICEF, sont à encourager.

Parallèlement, comme le recommande le rapport de l’UNICEF  sur la pauvreté des enfants au Burundi, « il est d’une grande importance d’investir dans les enfants pour assurer une situation économique durable et équitable à l’avenir» . Au cas contraire, le travail des enfants risque de perdurer, au détriment des droits de ces derniers.

 

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