Et si, pour une fois, les rôles étaient inversés ? Et si c’était l’homme qui cherchait à plaire à sa femme ? Ces questions se sont invitées dans une discussion avec des amis. Je vous partage leurs réflexions.
C’est un samedi soir, on se retrouve ensemble autour d’un verre à discuter de tout et de rien. Dans notre groupe se trouve un couple nouvellement marié. Le jeune mari prend plaisir à se faire servir. À chaque fois que sa bière diminue, sa femme prend soin de remplir le verre de nouveau. Que c’est beau l’amour!
Le geste paraît anodin jusqu’à ce que l’un d’entre nous ouvre le débat. Et si le mari prenait soin aussi de servir sa femme? Au jeune mari de répondre avec un ton autoritaire, «mais c’est le respect que la femme doit à son homme, dit la culture!».
L’homme qui avait posé la question se révolte : «Mais quelle culture macho! Donc tu te fais traiter comme un ‘roi’ au nom de la culture. Comme si ta femme ne prendrait pas plaisir à se faire servir. Comme si elle n’a pas besoin de se sentir respectée et valorisée comme elle le fait devant tes amis! Quelle culture bon sang! Quel amour à la Burundaise!»
C’est chaud le débat et je me régale, surtout que c’est une « discussion entre hommes ».
La cuisine faite pour les femmes?
La discussion évolue vers les affaires de cuisine. Le jeune marié est convaincu que faire l’art culinaire, c’est pour les femmes. « Je ne l’aide que quand elle est malade et qu’elle ne peut plus faire la cuisine», dit-il.
Charles, un autre jeune homme dans le groupe, se demande pourquoi il attendrait que sa femme tombe malade pour lui montrer qu’il peut prendre soin d’elle. « C’est une des façons que l’homme peut utiliser pour montrer à sa femme qu’il l’aime! Un repas préparé par son mari et toujours fait avec amour».
Le jeune homme qui s’amuse à préparer des recettes pour sa fiancée, sait que le monde masculin se moque de lui. «Les gens se moquent de moi bien sûr. Mais ça ne me fait rien parce que je me sens très fier de faire quelque chose qui plaît à ma future femme».
Pour lui, la croyance que c’est à la femme seule de faire la cuisine est liée à la culture burundaise mais ce concept est dépassé. « Il n’existe pas de tâches destinées uniquement à la femme. Tout devrait être fait par amour».
Pour les hommes qui ne savent pas faire la cuisine, Charles trouve qu’il est facile d’apprendre. «Moi, j’ai appris à faire la cuisine quand je faisais mes études en Ouganda. Là, il n’y avait pas de domestiques ou de femmes pour préparer pour nous». Et d’ajouter : «Il ne s’agit pas de faire des recettes compliquées, même une omelette simple faite à son initiative sera appréciée».
La discussion traînera en longueur. À la fin, j’ai fini par comprendre que les hommes burundais sont un peu prisonniers. Entre culture « macho » et romantisme, ils ont du mal à faire le choix.