"Me Ndoki Michèle, avocate au barreau du Cameroun, a été appréhendée le 26 février 2019 et se trouve en ce moment à Yaoundé entre les mains des autorités", a indiqué jeudi le bâtonnier Me Charles Tchakoute Patie dans un communiqué.
Le Barreau estime que l’arrestation de Me Ndoki "porte atteinte à sa dignité" et a annoncé avoir désigné trois avocats pour sa défense.
Les griefs reprochés à Me Ndoki ne sont pas précisés dans le communiqué et restaient jeudi inconnus.
L’avocate fait partie de l’équipe de défense de Maurice Kamto, officiellement arrivé deuxième à l’élection présidentielle d’octobre mais qui en conteste les résultats et s’estime vainqueur.
Elle s’était fait remarquer en plaidant mi-octobre devant le Conseil constitutionnel pour dénoncer des "fraudes massives et systématiques" dont le camp de M. Kamto s’estime victime.
Maurice Kamto, 65 ans, lui-même avocat de renom et ancien ministre, qualifie de "hold-up électoral" la victoire du président sortant Paul Biya, 86 ans dont 36 au pouvoir.
Son parti a plusieurs fois appelé à des marches de protestation, à chaque fois interdites par le pouvoir.
Fin janvier, après de nouvelles manifestations, réprimées par les forces de sécurité, environ 150 personnes dont M. Kamto ont été interpellées.
Lors de ces manifestations, Me Michèle Ndoki avait été blessée. Le parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), avait affirmé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, ce que Yaoundé avait démenti.
Toutes les personnes interpellées après ces manifestations, ainsi que Maurice Kamto, ont comparu mi-février devant le tribunal militaire de Yaoundé, où elles ont été inculpées "d’hostilité contre la patrie" et "d’insurrection".
Depuis, M. Kamto a plusieurs fois été convoqué à la barre, mais chacune de ses auditions a été reportée.
Les avocats de l’opposant contestent la compétence du tribunal militaire de Yaoundé à juger un civil.
Les accusés risquent jusqu’à la peine de mort.
Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien au pouvoir, s’appuyant sur l’administration et sur le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qu’il a créé en 1985.
Avec AFP
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