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L’association PARCEM propose sa stratégie de lutte contre la corruption

L’association PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des consciences et l’évolution des mentalités), remercie le gouvernement du Burundi pour le souffle nouveau qu’il vient d’impulser dans la lutte contre la corruption, a déclaré son président, Faustin Ndikumana, dans un point de presse animé ce jeudi 22 Avril 2021 à Bujumbura.

C’est dans ce contexte que cette association vient d’élaborer et rendre publique sa stratégie de combat contre le fléau de la corruption, un combat qui exige une synergie des acteurs.

Cette stratégie globale est une sorte de trajectoire dans la lutte contre la corruption qui comporte cinq axes principaux.
Le premier axe est porté sur la sensibilisation de la population sur les méfaits de la corruption, pouvoir lier les cas de pauvreté avec l’état de la corruption et des malversations aujourd’hui.

Faustin Ndikumana illustre l’impact négatif de la corruption et des malversations à l’aide des exemples concrets :
Comment on peut aboutir à un développement durable alors qu’on est en train de faire des détournements des deniers publics: il y a des manques à gagner au ministère des finances, dans les taxes communales, les cas des entreprises publiques qui sont au gouffre comme l’ONATEL, les routes qui sont construites après passation des marchés mais dont la durabilité laisse à désirer, le barrage hydro agricole de Kajeke qui s’est écroulé, les projets qui affichent une lenteur légendaire dans leur exécution comme KABU16, la Zone économique spéciale, etc.

Pour le président de l’association PARCEM, la corruption et les infractions connexes doivent être connues du public pour en faciliter la dénonciation synergique des partenaires à savoir la population, les jeunes, les femmes, la société civile, églises, syndicats, journalistes, épaulés par une presse libre qui est invitée à jouer un rôle crucial.

Le deuxième axe de la stratégie c’est revisiter les lois, donc l’amélioration du cadre légal de lutte contre la corruption pour l’adapter aux standards internationaux de lutte contre la corruption notamment la Convention des Nations Unies et la Convention de l’Union africaine. Il faut aussi rendre la machine répressive opérationnelle.

L’axe trois : réformer la Justice, permettre à la Justice de frapper forts les cas de corruption, rendre la justice indépendante avec des réformes visibles dont certaines avaient d’ailleurs été proposées lors des états généraux.

L’axe quatre c’est le renforcement des institutions de contrôle et d’investigation : la Cour des Comptes, l’Inspection générale de l’Etat, leur donner la force, l’indépendance et les moyens. PARCM propose notamment de restaurer la mission juridictionnelle de la Cour des Comptes. Selon Faustin Ndikumana, il faut mettre en place une institution spéciale chargée de réprimer les infractions liées à la délinquance financière. Il estime que les infractions de corruptions doivent être réprimées par une institution d’investigation spéciale. Cette lutte contre la corruption ne peut pas être efficace lorsque ces questions de corruption sont traitées dans les juridictions ordinaires.

Cinquième axe : renforcement des actions de préventions, des pratiques pour décourager les corrupteurs et les corrompus. C’est notamment la systématisation du principe de déclaration des biens, contenu dans la Constitution et dans la loi anti corruption. Selon Faustin Ndiumana, il faut qu’il y ait une loi sur la déclaration des biens. Il faut que les personnalités ou des fonctionnaires publics fassent de cette déclaration un serment.
Pour Faustin Ndikumana si une personnalité publique ne veut pas déclarer ses biens, elle doit renoncer aux emplois publics.

Le président de l’association PARCEM propose également d’interdire la pratique de donation des cadeaux aux mandataires publics, car pour lui, la donation des cadeaux aboutit à l’achat des consciences.
Il faut renforcer le système national d’évaluation des projets de développement, voir s’il y a proportionnalité entre les montants alloués aux projets de développement avec les résultats concrets sur terrain.

Il faut également réguler le financement des partis politiques et des campagnes électorales, pour éviter qu’il y ait des gens qui financent les partis politiques pour se faire récompenser à travers les postes de nomination ou l’accès à des marchés publics qu’ils ne méritent pas.

Dans sa stratégie de lutte contre la corruption, l’association PARCEM propose également de systématiser la considération des conflits d’intérêts et du principe des incompatibilités dans la gestion des affaires publiques. L’association propose d’interdire la thésaurisation, les transactions illicites et le blanchiment d’argent. Il faut systématiser la transparence dans la gestion budgétaire, le ministère des Finances doit régulièrement émettre des rapports que le public peut consulter, contrôlés par le Parlement.

La loi portant sur la séparation des postes politiques des postes techniques comme le précise la constitution à travers l’article 149 doit être mise en application. Il faut parvenir à séparer complètement les affaires du gouvernement, de l’administration et des partis politiques, si on n’y parvient pas, la lutte contre la corruption sera toujours entravée, a martelé Faustin Ndikumana. Enfin on devrait évaluer régulièrement le bien-fondé des exonérations accordées aux opérateurs économiques et autres personnalités.

Selon Faustin Ndikumana, il n’appartient pas à son organisation PARCEM de mettre en œuvre cette stratégie, l’association apporte sa contribution sous formes des réflexions qu’elle soumet aux décideurs, sinon le combat contre la corruption doit se faire dans le cadre de la synergie des différents acteurs.

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