Au Congrès pour les aires protégées en Afrique qui se tient à Kigali cette semaine, les représentants des peuples autochtones tentent de faire valoir leurs revendications. Masaï de Tanzanie ou Ogiek du Kenya, ils se présentent comme des protecteurs de la nature et demandent plus de financement pour leurs organisations locales et une reconnaissance de leurs terres.
Avec notre correspondante à Kigali, Laure Broulard
Selon l’ONU, les peuples autochtones gèrent ou occupent 22% des terres émergées de la planète, terres qui abritent 80% de la biodiversité mondiale. Pour Solange Bandiaky-Badji, coordinatrice de l’Initiative des droits et ressources, la protection de l’environnement passe donc nécessairement par la protection et la reconnaissance des droits de ces communautés : « Là où vivent les communautés autochtones, la biodiversité est mieux conservée. Il y a une bonne séquestration du carbone. Voilà des statistiques qui sont là et qui montrent que si on veut atteindre les objectifs dans la lutte contre le changement climatique et pour la biodiversité, il faut regarder les zones gérées par les peuples autochtones et les communautés locales. »
Lors de la COP26 en 2021 à Glasgow, les bailleurs ont promis 1,7 milliard de dollars sur quatre ans pour soutenir des initiatives climatiques portées par des communautés autochtones. Signe que du côté des financements, les choses sont en train de changer, les peuples autochtones commencent tout juste à bénéficier de financements pour leurs actions climatiques.
Reste le défi de la reconnaissance légale de leurs terres. « Notre communauté est régulièrement victimes d’expulsions, se plaint Teresa Chemosop, une Ogiek de la région du Mont Elgon au Kenya. On essaye de protéger notre environnement, et en même temps on en est chassés. Donc nous voulons être responsables de la gestion de la totalité de nos terres afin d’avoir le pouvoir de dire non à la déforestation. »
Teresa a amené à Kigali une déclaration adoptée le mois dernier par une assemblée des peuples autochtones d’Afrique de l’Est. Ils y demandent davantage de financements directs et dénoncent les récentes expulsions de Masaï à Loliondo en Tanzanie.