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Agriculture

Madagascar: l’agro-écologie, un modèle pour arriver à l’autonomie alimentaire ?

A Madagascar, se nourrir devient un défi de tous les jours pour la majorité de la population. Pourtant ce ne sont pas les surfaces cultivables qui manquent sur l’île. Mais l’accès limité à l’eau dans certaines régions, l’enclavement des zones agricoles et les sols qui s’appauvrissent sont autant d’obstacles au bon développement d’une production agricole saine pour tous. Hier, vendredi, à l’occasion de la Journée mondiale de la terre nourricière, l’Institut Français de Madagascar a réuni des chercheurs, des spécialistes et des agriculteurs pour discuter « agro-écologie » le temps d’une matinée. Ce système de production agricole différent des modèles actuels pourrait-il être l’une des solutions pour pallier aux difficultés auxquelles font face les Malgaches en matière d’autonomie alimentaire ?

avec notre correspondante à Madagascar, Sarah Tétaud

Anja Andriantsiresy se présente comme un paysan. Un fermier-maraîcher qui consacre sa vie à la permaculture et à la diffusion de cette méthode au plus grand nombre. Une méthode autrefois parfaitement maîtrisée par les ancêtres, mais écartée depuis la démocratisation des engrais chimiques.

« Aujourd’hui, je constate que la pauvreté des sols et la pauvreté de la population vont de pair. On a tellement malmené le sol qu’il produit moins. C’est ce qui cause cette faim actuelle et cette pauvreté sur l’île. Et donc la permaculture, l’agro-écologie, etc, sont de bonnes méthodes de préservation environnementale et surtout un modèle économique qu’on pourrait développer dans toutes les campagnes pour produire de la nourriture sainement, et en abondance. »

Et donc répondre à cet enjeu de sécurité alimentaire.

Promouvoir une agriculture consciente et résiliente, c’est aussi la vision de Florian Fraix-Bavuz, agronome écologue empirique. Avec public, vendredi, il a partagé ses astuces, fruits de sept ans de recherche et de tests, les mains dans la terre de ses parcelles sur les Hauts Plateaux. « Mon premier conseil, c’est de cultiver peu mais bien. Sur des petites parcelles avec suffisamment d’engrais, on est parfaitement capable de très bien récolter plutôt que sur des grandes surfaces mal amendées, où l’on perd beaucoup d’argent à faire ça.

600 variétés locales de haricot

La 2ème astuce, c’est de produire des choses différentes des autres. Parce que si tout le monde produit la même chose, et bien forcément les prix sont tirés vers le bas. Donc c’est de créer soi-même ses propres semences, ou de valoriser les semences qui n’existent quasiment pas ou qui sont en voie de disparition. C’est notamment ce que j’ai fait avec beaucoup de variétés malgaches : il y a 600 variétés de haricots malgaches.

Et la 3ème astuce, c’est de produire son engrais sur place. Notamment avec de petits arbustes qui poussent extrêmement vite et qui sont extrêmement riches. Moi, par exemple, je consacre 25% de mes parcelles à la culture d’espèces utilisées uniquement pour mon compost. Et ça me permet d’être totalement autonome en engrais, sans chimique, rien du tout. »

Changer de paradigme, peut-être la solution pour Madagascar. Pour les chercheurs, il y a urgence à promouvoir ce type de culture et offrir des formations en ce sens.

À lire aussi : à Madagascar, l’agriculture, une filière qui peine à se structurer

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