Au Togo, les arrestations se poursuivent dans les milieux de la presse et de la société civile. Depuis vendredi 10 décembre, trois journalistes et un activiste ont été inquiétés. Dans un communiqué, l’ONG Amnesty International dénonce ce qu’elle qualifie d’arrestations « arbitraires » et accusent les autorités de vouloir « faire taire les voix critiques ». Dans la capitale Lomé, organisations de presse et société civile se mobilisent pour exiger leur libération.
Avec notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbé
Au total, ce sont cinq organisations qui dénoncent les interpellations de ces derniers jours au Togo. Deux directeurs de publication, Ferdinand Ayité et Joël Egah, se sont vu délivrés un mandat de dépôt. Ils sont accusés d’outrage à autorité et de propagation de propos mensongers après une émission dans laquelle ils prenaient à partie des ministres. Le Togo a pourtant dépénalisé les délits de presse en 2004, explique Isidore Akollor, président des patrons de presse du Togo :
« On ne comprend pas pourquoi aujourd’hui, on va appliqué le Code pénal à un journaliste qui a commis un délit de presse, une disposition comprise dans le code de la presse. Le journalisme est en danger au Togo. »
Un troisième journaliste, Isidore Kouwonou, a également été placé sous contrôle judiciaire dans la même affaire. Puis, samedi 11 décembre, c’est un activiste, Fovi Katakou, qui a été interpellé. David Dosseh, porte-parole du Front citoyen Togo-Debout, ne comprend pas ce qu’on lui reproche :
« Fovi Katakou se déplace en fauteuil roulant. Il a besoin de quelqu’un pour l’aider à se déplacer, pour l’aider à monter dans son fauteuil, pour en descendre… Nous ne comprenons pas comment on peut se permettre, pour un délit d’opinion – si délit il y a –, d’arrêter une telle personne. »
Selon le Comité pour la libération de tous les détenus politiques du Togo, ces dernières arrestations portent à 116 le nombre de prisonniers politiques depuis trois ans. Parmi eux, sept sont morts des suites de leur détention.
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