La coalition de l’opposition Lamuka avait prévu de se rassembler pour dénoncer la politisation de la Commission électorale, alors que le bras de fer perdure sur la nomination du président de la Céni. Cette marche avait été interdite par les autorités, et ce mercredi matin, les policiers ont empêché le rassemblement, s’en prenant également à des journalistes présents sur place.
Il y avait du monde tôt ce mercredi 15 septembre sur la place Pascal, dans le quartier de Masina, dans l’est de la capitale. Peu avant 8 heures, à son arrivée, Martin Fayulu a été empêché de rejoindre ses partisans. Le leader de Lamuka affirme avoir subi des violences, que les policiers ont tenté de l’emmener, avant qu’il puise remonter dans son véhicule et prendre le boulevard Lumumba, suivi d’une cohorte de militants.
« Nous avons passé 45 minutes de discussion. Ils m’ont brutalisé et même tabassé. Donc je suis parti dans ma jeep et nous avons commencé à faire une sorte de processions. »
C’est un déni terrible de démocratie et c’est très dangereux. Vous voyez ce qu’il se passe en Afrique de l’Ouest, on musèle la population, on musèle ceux qui ne parlent pas le même langage.
Martin Fayulu, un des leaders de Lamuka
Dans le même temps, des gaz lacrymogènes ont été tirés sur les manifestants. Les forces de l’ordre s’en sont aussi pris aux journalistes présents : vol de matériel, coups de matraque. Des violences qui plus particulièrement visé notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi, qui allait justement interviewer Martin Fayulu. Interpellé, il a été frappé, molesté, plusieurs policiers se sont assis sur lui à l’arrière de leur véhicule avant de l’emmener.
Mis au courant de la situation, le chef de la police Sylvano Kasongo et le ministre de la Communication Patrick Muyaya ont mis fin à cette situation. Patient Ligodi a été libéré avant de se rendre à l’hôpital pour des examens.
#RDC #Kinshasa : tout mon soutien à mon collègue @ligodipatient. C’est très grave. Le patron de la police, Sylvano Kasongo, promet que les officiers impliqués seront sanctionnés et parle d’un sérieux problème d’éducation. @RFI et @actualitecd ne manqueront pas de suivre https://t.co/Vub3DM1h2R
— Sonia Rolley (@soniarolley) September 15, 2021
De nombreuses condamnations
Le ministre de la Communication est ensuite intervenu un peu plus tard pour évoquer la situation. Il est apparu dans une vidéo dans laquelle il reconnaît et condamne des « bavures policières », promet des enquêtes et des sanctions contre les fautifs. « J’ai pris une position ferme, a expliqué Patrick Muyaya, non seulement pour condamner cette bavure policière mais qu’il était inacceptable de toucher à la sécurité des journalistes et à leur intégrité physique. Une enquête interne est déjà diligentée, nous pourrons savoir qui sont ces policiers et ils seront sévèrement sanctionnés. »
Nous condamnons tout ce qui est acte de violence mais d’autre part nous invitons toujours à la responsabilité, à se conformer à ce que les autorités disent.
Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des médias
RFI bien sûr dénonce ces actes, de même que le site actualité.cd dont Patient Ligodi est l’un des fondateurs. Condamnation également de la part de Reporters sans frontières (RSF), de l’Association des médias d’information en ligne de la RDC, de l’organisation Journalistes en danger (JED), de la mission de l’ONU dans le pays (Monusco), du bureau conjoint des Nations unies à Kinshasa ou encore des ambassadeurs de l’Union européenne et des États-Unis en RDC.
RFI apporte son soutien à son correspondant à Kinshasa, victime de violences policières https://t.co/Xa2WuEPkSi pic.twitter.com/VLG8CsLwm3
— RFI Afrique (@RFIAfrique) September 15, 2021
La répression des manifestations de Lamuka a donné lieu à des arrestations dans plusieurs villes du pays ce mercredi. Selon un des porte-paroles du mouvement, une vingtaine de militants ont été interpellés à Kinshasa, Mbandaka, Mbuji-Mayi et Bumba.
Nous exigeons des excuses publiques du chef de la police et son engagement pour que de tels actes ne puissent plus jamais se reproduire. Il faut absolument qu’il y ait des suites de cela.
Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de l’ONG Journalistes en danger