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Kenya: «AfroQueer», le premier podcast consacré à la communauté LGBT

AfroQueer, c’est le nom du premier podcast de séries documentaires traitant de la vie de la communauté LGBT en Afrique. Un sujet brûlant, alors que ces minorités sont souvent diabolisées sur le continent. AfroQueer a été créé il y a deux ans. Notre correspondante dans la région s’est rendue dans leurs studios, à Nairobi, la capitale du Kenya.(Rediffusion du 22 décembre 2020)

Ce matin-là, Tevin Sudi travaille sur le montage du dernier épisode de la saison 3 de AfroQueer. Tevin, lui-même membre de la communauté LGBT, a été embauché ici il y a un an. « La première fois que je suis venu, j’ai lu cette phrase affichée dans les toilettes qui disait : « ces toilettes ont été libérées de toutes normes liées au genre« . C’est incroyable d’être dans un tel endroit. On se sent libre, libéré et on peut être soi-même tout le temps ! »

Le studio d’AfroQueer se situe quelque part à Nairobi. L’endroit est tenu secret pour des raisons de sécurité. Pour y pénétrer, un processus strict a été mis en place. « Donc nous voici à la porte du studio que j’ouvre avec mes empreintes digitales. Et puis j’entre mon code de sécurité pour déverrouiller l’alarme. Le contenu que nous produisons ici est très sensible et c’est important pour nous que toute personne qui entre ici soit en sécurité. »

Au-delà de la communauté LGBT

Six personnes travaillent pour le podcast. Les contenus sont divers : documentaires, interviews, reportages. Mais pour Tevin, AfroQueer est bien plus que cela. « La plupart des gens n’ont même jamais eu de conversation avec une personne homosexuelle. Tout ce qu’ils connaissent ce sont des stéréotypes et c’est tout. Ce podcast permet, grâce aux histoires qu’il raconte, d’entamer des discussions. »

Car les auditeurs dépassent largement la communauté LGBT. Aujourd’hui, chaque épisode est écouté en moyenne 5 000 fois, jusqu’à 10 000 pour les plus populaires, et ce dans 44 pays.

Selly Thiam, une Américano-Sénégalaise, en est la fondatrice. Malgré une loi qui criminalise encore l’homosexualité, elle a choisi le Kenya pour installer le studio. « Dans la région, le Kenya est largement en avance, comparé à beaucoup de ses voisins sur la question LGBT. Le principal défi pour nous, en tant que média, a été la stricte censure des contenus LGBT. Ils ne vont jamais venir au studio et nous menacer en nous demandant d’arrêter. Mais le système bureaucratique est tel qu’il est très compliqué de produire ce genre de contenu. C’est une manière détournée pour l’État de faire taire certaines personnes ».

AfroQueer envisage d’élargir son contenu aux histoires des LGBT d’Afrique du Nord.

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