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POLITIQUE

Transition politique au Tchad: «Notre démocratie n’a pas perdu de son dynamisme»

Il y a trois mois, le monde entier apprenait la disparition du président tchadien Idriss Déby Itno. Le chef de l’État tchadien, connu pour son courage physique, est mort des suites des blessures qu’il a reçues au combat contre un groupe rebelle venu de la Libye. Depuis, un conseil militaire de transition dirigé par un de ses fils, Mahamat Idriss Déby, dirige le pays avec un Premier ministre civil, Albert Pahimi Padacké. Ce dernier est chargé de conduire la transition vers des élections démocratiques devant aboutir au retour d’un pouvoir civil. Il évoque avec Madjiasra Nako le déroulement de la transition.

RFI : Ce 20 juillet marque les trois mois de la disparition du maréchal Idriss Déby Itno. Où est-ce que vous étiez, comment vous avez appris la nouvelle ?

Albert Pahimi Padacké : J’étais à mon domicile, lorsque j’ai appris cette malheureuse nouvelle et j’ai craint la catastrophe. Je pense que nous ne remercierons jamais assez le bon Dieu d’avoir fait que le chaos redouté ne soit pas arrivé.

Quelques jours après, vous êtes désigné Premier ministre. Aujourd’hui, comment se passe la mission ?

La mission se passe avec plein de défis, comme prévu. Aujourd’hui, le contrôle du territoire sur le plan sécurité et défense nationale est total, la continuité des services publics est là, il y a beaucoup d’avancées sur le terrain de liberté… Comme vous le savez, aujourd’hui, les marches sont autorisées et sur le front du dialogue, nous avons mis en place un comité d’organisation. Nous avançons très bien.

Il y a une partie de la société qui trouve qu’on met la charrue avant les bœufs. Est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt essayer d’obtenir le plus large consensus possible sur la manière de procéder, avant d’avancer ?

Il y a deux-trois jours, j’ai rassemblé dans un grand hôtel de la place, l’ensemble des forces vives de la nation, pour les inviter à s’organiser à désigner leurs membres au sein du comité d’organisation. C’est dans un esprit de consensus. Lorsque vous dites qu’il y a une partie de l’opinion qui ne partage pas totalement notre approche, c’est la preuve que notre démocratie n’a pas perdu de son dynamisme, en dépit de la situation que le pays traverse. Mais pour l’instant, il est clair que nous sommes sur la bonne voie et cette bonne voie est celle de faire en sorte que l’ensemble des forces vives se retrouvent dans la dynamique du dialogue et le consensus est en marche.

Tout de même, lorsqu’en préparant le dialogue parallèlement, on essaie d’avancer dans la mise en place du Conseil national de transition qui sera, à la fois, le Parlement provisoire et fera office de constituante, alors qu’à côté de cela on fait un dialogue ? Est-ce que vous ne pensez pas qu’il y a un problème de logique, ce faisant ?

Vous êtes témoin que tous les acteurs se réfèrent au rapport de l’Union africaine. Et le même rapport dit que le gouvernement et le Conseil militaire de transition doivent mettre en place très rapidement le Conseil national de transition. On ne peut pas reprocher au pouvoir de l’État d’avoir appliqué les préconisations de l’Union africaine.

Et où en êtes-vous dans les discussions avec les politico-militaires ? Est-ce qu’une organisation comme le Fact, qui a été indexé comme responsable de la mort du président Idriss Déby, par exemple, aura voix au chapitre ?

Au-delà d’une organisation spécifique que vous citez, nous pensons que la question des politico-militaires est une question vaste. Le Tchad va vers un dialogue inclusif pour tous ses enfants.

Avec les politico-militaires ?

Avec les politico-militaires… Maintenant, la question restera celle des modalités des participations des uns et des autres. Est-ce qu’il faut déposer les armes avant de venir au dialogue ? Est-ce que les Tchadiens accepteraient qu’une organisation armée vienne, armes aux épaules, au motif de participer à un dialogue ? Des modalités seront fixées en accord avec nos partenaires, avec l’ensemble des forces vives, pour que l’ensemble des Tchadiens puissent participer à ce dialogue.

Où est-ce que vous en êtes avec l’Union africaine, après le précédent lié à la nomination du haut représentant ?

Le commissaire de l’Union africaine est venu à Ndjamena et aujourd’hui l’Union africaine est en train de trouver les meilleures formules pour désigner son représentant spécial. Est-ce que ce sera le même, est-ce que ce sera un autre ? Nous sommes à l’écoute de l’Union africaine. Il y a eu incompréhension, il y a eu des explications de la part de l’Union africaine, qui a demandé un délai pour pouvoir revenir vers nous avec des propositions. Nous ne savons pas ce qu’elle fera.

Vous avez fait allusion au rapport de la mission de l’Union africaine, qui demandait aussi une enquête sur les circonstances de la mort du président Déby et la révision de la Charte de transition. Sur ces deux recommandations, où est-ce que vous en êtes ?

Concernant l’enquête sur les circonstances de la mort du maréchal Idriss Déby Itno, l’information judiciaire est ouverte et aujourd’hui les juges sont en train de mener l’enquête. Je ne suis pas dans le secret de l’enquête, mais je peux vous garantir que l’enquête est ouverte et elle se poursuit. Mais sur la révision de la Charte de transition, pour le moment nous sommes en train de nous poser des questions. Est-ce qu’il faut attendre que les assises du dialogue s’installent pour réviser ? Ou bien faut-il réviser ? aujourd’hui, en prenant le risque que les assises viennent encore demander une révision?

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