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Sierra Leone: sur la colline de Kambui, le café fait renaître l’espoir des cultivateurs

Dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, une équipe de chercheurs a retrouvé la trace d’un café sauvage que l’on croyait disparu depuis le début des années 1960. Cette découverte suscite beaucoup d’enthousiasme, car elle pourrait rebooster le secteur mondial du café, menacé ces dernières années par le réchauffement climatique.

« On marche depuis maintenant deux bonnes heures, à pied dans les collines de Kambui, et là, on se rapproche du jardin de la stenophylla sauvage… ». Il y a peu, c’est ici que Daniel Sarmu, agronome, et une équipe de chercheurs du Kew Gardens et de la Greenwich University ont fait une découverte majeure.

« Voilà l’un des arbres ! Une des façons de les reconnaître, c’est d’observer la queue de leurs feuilles. Tout au bout… C’est très pointu et un peu courbé », explique-t-il.

Cultivée jusqu’au début du XXe siècle, la stenophylla était consommée sur les meilleures tables européennes. Trop rare, elle a été progressivement remplacée par l’arabica et le robusta. Boudé des marchés, oublié des agriculteurs, on croyait ce café totalement disparu depuis 1954. « De 2013 à 2018, on a cherché. Et on s’est rendu compte que ça ne poussait qu’à une altitude de 400 mètres. Donc est venus dans cette forêt, on a escaladé, et enfin on a aperçu trois ou quatre arbres », raconte Daniel Sarmu.

Des espoirs immenses

En Sierra Leone, le café est cultivé depuis des décennies, mais le pays peine à se faire une place sur le marché mondial : il n’est qu’à la 19e place des pays exportateurs en Afrique. Avec cette redécouverte de la stenophylla, les espoirs sont donc immenses. Conscients de la manne financière qu’elle pourrait représenter d’ici à quelques années, Graham Billington, exportateur de café et de cacao a investi dans une ferme pour tenter de relancer la culture. « On veut créer un café qui soit commercialement viable. Surtout qu’avec les effets du réchauffement climatiques sur l’arabica, la stenophylla pourrait devenir la solution pour une production de masse, car elle aime les climats chauds. Si on parvient à la multiplier, on aura un café très prometteur », réjouit-il.

Illy, Lavazza ou Nestlé ont déjà fait part de leur intérêt. Mais pour quel bénéfice pour les Sierra Léonais ? À l’orée de la forêt, les communautés qui vivent dans des conditions précaires s’inquiètent de voir ce trésor leur échapper. « On est heureux de la redécouverte de ce café, mais ça vient d’ici, donc on demande au gouvernement de nous laisser participer à son développement, qu’on puisse aussi en profiter pour vivre mieux », explique Amara Mambu N’gimbumamgo, chef de village.

En Sierra Leone, un petit producteur de café gagne en moyenne 100 dollars par an. Les autorités espèrent donc que la stenophylla améliore les revenus des paysans, ce à quoi les entreprises disent s’engager. Il faut neuf ans pour qu’un caféier stenophylla arrive à maturation, il faudra donc revenir vérifier dans quelques années.

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