Malgré la chute de la dictature, malgré la paix avec plusieurs groupes rebelles de la province du Darfour en octobre 2020, cette dernière subit une recrudescence des violences, notamment tribales. Cette flambée s’accompagne du départ de la Minuad. La mission ONU-Union Africaine a terminé son mandat le 31 décembre. La force soudanaise censée remplacer les casques bleus n’est pas encore prête.
Avec notre correspondant régional, Sébastien Németh
Dans son rapport diffusé ce mois-ci, le secrétaire général de l’ONU pointe la montée des violences au Darfour. Antonio Gutterres voit le phénomène comme une « preuve flagrante d’un vide dans la protection des civils ».
Le 15 janvier, des affrontements entre Masalit et Mahameed ont fait 162 morts et 150 000 déplacés. Trois jours plus tard, des clashs entre Falatta et Rizeigat ont fait fuir 20 000 personnes de leurs maisons. Chaque fois, des troupes sont déployées, mais après-coup. Et elles ne restent généralement que quelques jours.
Une force soudanaise toujours pas en place
Ces hommes sont un agrégat de policiers, militaires, paramilitaires. Mais la vraie force de 12 000 combattants, censée être créée suite à l’accord de paix d’octobre entre gouvernement et rebelle, n’existe que sur le papier. La communauté internationale pousse pour que le gouvernement la déploie. Mais comme dit Luke Mhlaba, le directeur des opérations de la Minuad, la mission ONU-UA en train de partir : « une force bien entraînée et respectueuse des droits de l’homme, ça ne se crée pas du jour au lendemain ».
Les besoins humanitaires restent donc énorme au Darfour d’autant qu’ils s’ajoutent à une situation déjà délicate avec des dizaines de milliers de déplacés vivant dans des camps, pour certains depuis 2003 et le début de la guerre civile.
Ces victimes du conflit ne peuvent toujours pas rentrer dans leurs villages d’origine à cause de l’insécurité ambiante, de l’absence de protection de l’État et de certains problèmes épineux jamais résolus, comme l’accaparement des terres.
Environ 150 000 personnes ont été déplacées suite à des violences communautaires dans la région d’El Geneina. Et les humanitaires ont eu du mal à accéder à ces gens. Mais la situation reste volatile. En plus ces violences sont arrivées au pire moment durant les récoltes, donc pour beaucoup, c’est la double peine.
Marianne Ward, directrice adjointe du Programme Alimentaire Mondial au Soudan
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