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ECONOMIE

Afrique du Sud: Coca-Cola, le bon élève de l’actionnariat local

L’annonce récente de la filiale sud-africaine de Coca-Cola de céder une partie de son capital à ses employés est saluée par le gouvernement. Mais dans l’ensemble, le bilan des politiques de discrimination positive censée favoriser la participation des communautés noires, métisses et indiennes pour redresser les inégalités économiques est encore loin d’être parfait.

De notre correspondante à Johannesburg,

À compter de mai, les quelque 8 000 employés de la filiale locale de Coca-Cola, en charge de la mise en bouteilles, posséderont 15 % des parts de l’entreprise, contre 5 % jusqu’à présent. De quoi transformer un peu plus l’économie, selon le ministre du Commerce Ebrahim Patel.

« Si l’on additionne les parts des employés, et celles d’investisseurs extérieurs, cela représente une participation des communautés noires de 20 % dans l’entreprise. C’est un effort notable pour tenter de construire une économie plus inclusive », dit le ministre du Commerce. Les employés auront de plus deux sièges au sein du conseil d’administration. Et l’entreprise s’engage à favoriser davantage des fournisseurs locaux. Ces conditions faisaient partie d’un accord de fusion signé en 2016.

► À lire aussi : Jacob Zuma appelle à une transformation économique radicale de l’Afrique du Sud

Pour le chercheur Ayabonga Cawe, c’est un pas dans la bonne direction. « Cette décision est bienvenue, pour tout ce qu’elle implique en termes de redistribution des bénéfices, des dividendes, et du capital des entreprises, alors que l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Mais lorsque ce sera mis en place, il faudra se pencher sur les détails de cette redistribution, au-delà de la simple annonce. »

Encore trop peu de capitaux détenus par les communautés noires, métisses et indiennes

Les politiques de discrimination positive en faveur des communautés noires, métisses, et indiennes ont évolué depuis leur création. Mais aujourd’hui, selon les statistiques officielles, moins de 30 % des capitaux des sociétés sont détenus par ces populations, comme le regrette Kganki Matabane, à la tête du Black Business Council, qui regroupe les entrepreneurs noirs : « Nous sommes en 2021, et si l’on regarde qui possède l’économie du pays, il y a eu, bien sûr, quelques progrès, mais c’est extrêmement lent. Or ici, contrairement à d’autres pays, il s’agit de redonner du pouvoir économique à la majorité. Et si on continue au rythme actuel, un jour, la majorité pourrait bien finir par perdre patience. »

Et pour l’économiste Duma Gqubule, le ralentissement de l’économie ne devrait pas aider la redistribution : « Ces politiques d’émancipation économique ont eu du succès lorsque notre économie était en expansion, entre 2004 et 2008. Mais au cours des dix dernières années, on a vu une chute du PIB par habitant, et cela a été une décennie perdue pour ces politiques. Je pense qu’il faudrait à nouveau les faire évoluer et changer les compromis établis avec les mines, les banques, ou les compagnies d’assurance », dit-il.

Un autre secteur pourrait bientôt être concerné : le régulateur des télécommunications souhaite que 30 % du capital des entreprises soit aux mains d’investisseurs noirs, ce qui fait grincer des dents les plus petites structures.

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