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«Histoire de Madagascar, la construction d’une nation»: un ouvrage rare et très attendu

« Histoire de Madagascar : La construction d’une nation », c’est le titre de l’ouvrage écrit par un collectif de six historiens, chercheurs et enseignants bien connus de la Grande Ile comme, entre autres, Manassé Esoavelomandroso, Helihanta Rajaonarison ou encore le Père Sylvain Urfer, auteur de nombreux livres sur Madagascar.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Ce sont 283 pages qui retracent ainsi l’histoire d’un peuple, de l’arrivée des premiers occupants de l’île qui peuplent les côtes jusqu’à l’indépendance et la quête de la démocratie. Les auteurs de l’ouvrage l’ont présenté samedi 19 décembre, pour sa sortie officielle lors d’un café histoire au Musée de la photo d’Antananarivo. Il s’agit d’un ouvrage rare et attendu car les publications sur l’histoire de la Grande Ile sont souvent anciennes et peu accessibles aux Malgaches.

Ses auteurs ont voulu retracer le chemin de Madagascar en y intégrant les résultats des recherches les plus récentes. Ce projet, mené pendant deux ans, est parti d’un constat : de nombreux Malgaches connaissent peu ou mal leur histoire.

« Le système scolaire est impliqué dans cette question. Il y a, je pense, le rôle des autorités publiques de mettre en place des programmes. Il y a des programmes concernant Madagascar, à l’école, mais l’histoire de Madagascar est toujours le cadet parce qu’elle passe en dernier chapitre et cela arrive souvent que l’on ne parvienne pas à finir ce dernier chapitre du programme. Donc, il y a une méconnaissance. Nos références historiographiques et bibliographiques sont aussi assez vieilles et donc nous sommes restés avec les publications et les informations de l’époque, ce qui conduit à une méconnaissance de l’histoire car, des années 1970 jusqu’à maintenant, il y a eu de nombreuses thèses, de nouveaux résultats de recherches qui ont été publiés. Nous nous sommes dit qu’il était temps que l’on fasse cette histoire de Madagascar, écrite par les Malgaches pour les Malgaches, et dans un registre accessible à tout le monde. L’idée et notre objectif, c’est que tous les Malgaches puissent saisir l’histoire de leur pays », explique Helihanta Rajaonarison, historienne, enseignante-chercheur à l’université d’Antananarivo et présidente du Musée de la photo.

Une méconnaissance qui vient aussi d’un isolement entre les régions, poursuit, de son côté, Manassé Esoavelomandroso, historien et académicien. « Notre pays est si vaste et les voies de communication sont si rares que les gens du Nord ne connaissent pas nécessairement les gens du Sud et les gens du Sud ne connaissent pas nécessairement les gens de l’Est, de l’Ouest ou du Centre. Il nous faut ces voies de communication. C’est cela, une meilleure connaissance. Mais nous sommes aussi isolés par les moyens de communication. Les journaux sont des journaux édités à Antananarivo. Ce n’est pas dans les journaux que vous allez connaître les réalités, à 100 km de la capitale. Donc la presse écrite ou audiovisuelle ne diffuse pas la connaissance de Madagascar et les autorités gouvernementales ne favorisent pas non plus cette connaissance de Madagascar par les Malgaches. ».

Déconstruire les stéréotypes ancrés dans les esprits, c’est aussi l’intention de cet ouvrage qui décrit la marche d’un peuple vers l’unité.

« Dans la tête du Malgache en général, l’histoire n’est pas l’histoire nationale. C’est l’histoire de son groupe. Il faut donc sortir de cette histoire parcellaire pour arriver à une histoire commune où tout le monde, d’où qu’on vienne, puisse se reconnaître et puis après, qu’on ait un héritage commun. Les clichés qui empêchent cela, c’est par exemple la division des Malgaches en deux groupes, en disant « les Merina et les autres ». Il y a surtout une méfiance, entre les populations, nourrie par le manque de communication, par l’enclavement des régions. Il faudra donc décloisonner ces régions, décloisonner les esprits. On a une histoire commune à connaître. Nous étions différents. Nous sommes arrivés à l’intérieur de cette île qui aurait dû être un creuset mais ce creuset n’a pas abouti et donc ça continue encore jusqu’à maintenant et nous espérons qu’en lisant cela, le lecteur se posera la question et découvrira que nous devons continuer ou parachever la construction de cette nation », détaille Manassé Esoavelomandroso.

Écrit en français, une version malgache du livre est prévue l’année prochaine, avec pour objectif notamment, une utilisation dans les collèges et les lycées de la Grande Ile.

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