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Éthiopie: l’État de Tigré prêt à faire face au Premier ministre Abiy Ahmed

Le gouvernement d’Addis-Abeba est inconstitutionnel, selon le gouvernement régional du Tigré depuis ce lundi. Le 5 octobre aurait dû marquer le début de la nouvelle mandature au parlement fédéral, mais les élections ont été repoussées. L’État du Tigré veut donc un gouvernement de transition en attendant le vote.

Getachew Reda est membre du comité exécutif du TPLF, le Front de libération du peuple tigréen, qui dirige la région. Selon lui, à compter de ce lundi, « il n’y aura plus de gouvernement fédéral, c’est-à-dire plus de chambre des représentants, de chambre de la fédération, de Premier ministre, de cabinet. Ils n’existent plus. »

Une opposition face aux projets du Premier ministre

Avec cette position, ferme, que veulent les autorités tigréennes ? Elles souhaitent un gouvernement de transition jusqu’aux élections générales. Un gouvernement intérimaire qui aurait pour tâche de rassembler tout le monde autour d’une table. « L’impasse dans laquelle le pays se trouve ne peut être résolue sans la mise en œuvre d’un dialogue national inclusif où les principaux acteurs politiques pourrait discuter des moyens de sortir de cette impasse », ajoute Getachew Reda.

 

Du point de vue de Mekele, la capitale régionale du Tigré, le projet politique du Premier ministre Abiy Ahmed est trop centralisateur. Actuellement, la Constitution fédérale donne d’importantes marges de manœuvre aux dix États régionaux. Kjetil Tronvoll, chercheur, explique que ce sont les agissements du Premier ministre qui inquiète le pouvoir régional du Tigré : « le TPLF et le peuple du Tigré pensent qu’Abiy a un tel agenda. La manière dont il a établi le parti de la prospérité comme un parti unitariste, la manière dont il communique, les indices qu’il a donnés sur de possibles amendements constitutionnels… tout cela a rendu le Tigré particulièrement nerveux. »

Comment apaiser les tensions ?

En l’état actuel du blocage, l’universitaire anticipe des manifestations dans les prochaines semaines afin de mettre la pression sur le gouvernement fédéral. Et selon le cercle de réflexion Crisis Group, cela pourrait même dégénérer. Il faut que chacun y mette du sien estime notamment William Davison, analyste spécialiste de l’Éthiopie au sein de l’organisation : « Il y a absolument un besoin de négocier, ici. La première des choses est de lever les obstacles, toutes ces conditions préalables que chaque partie pose avant de négocier. »

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