Le comportement des institutions agace de plus en plus la société civile. Les députés qui ont un traitement de plus de 6 000 dollars réclament 2 000 dollars de plus en pleine pandémie de Covid-19 et récession économique dans le pays.
Les budgets en rémunération de la présidence et de certains ministères explosent quand officiellement le gouvernement promet de limiter le train de vie des institutions. Les prix flambent, le franc congolais s’est largement dévalué face aux dollars. Pour le mouvement citoyen Filimbi, il est temps que les acteurs politiques cessent de ne penser qu’à leur ventre.
« Le constat, aujourd’hui, est très amer. La population congolaise se demande réellement si ces dirigeants ont un cœur d’homme, si réellement ces gens sont des humains. Parce que, on ne peut pas comprendre que des personnes qui sont censées réfléchir des politiques pour améliorer les conditions de vie de la population, des personnes qui sont censées réfléchir comment ils peuvent améliorer le social du Congolais, des personnes qui ont des fonctions ministérielles, de mandats électifs au sein de nos Assemblées puissent aujourd’hui réfléchir de plus en plus comment ils peuvent eux-mêmes améliorer leur salaire c’est-à-dire « améliorer » leur ventre, « améliorer » leurs poches et « améliorer » les conditions de vie de leur famille en lieu et place, d’améliorer les conditions de vie de la population, s’insurge Carbone Beni, coordonnateur du mouvement Filimbi. Cela est très choquant. Cela fait mal pour le Congolais de constater qu’ils n’ont pas de remparts, ils n’ont pas de personnes sur qui ils peuvent compter. Et la lueur d’espoir qui était en train de naître est aujourd’hui en train de se volatiliser ».
Les professeurs de l’Unikin veulent une transparence totale
Dans le même temps, il n’y a pas que la société civile qui réclame des comptes, mais aussi les professeurs de l’université de Kinshasa (Unikin). Ces derniers demandent la publication de tous les salaires de la République et dénoncent les disparités dans les traitements entre les institutions et d’autres catégories socio-professionnelles, la leur inclue.
Depuis janvier 2020, entre la dévaluation et l’imposition des 15% sur leur prime, ils disent vivre dans des conditions très difficiles. Vingt d’entre eux sont morts depuis janvier. La coupe est donc pleine.
« Les professeurs de l’université de Kinshasa déplorent les conditions infra humaines dans lesquelles croupit la population congolaise dans son ensemble et exigent pour ce fait qu’il soit publié les rémunérations de toutes les couches socioprofessionnelles du pays à savoir : la présidence de la République, le Parlement, le gouvernement, les cours et tribunaux, et cela, du secrétaire général jusqu’au huissier, déclare le professeur Jeff Iteku Bekomo. Les professeurs de l’université de Kinshasa demandent au gouvernement de prendre en charge les soins médicaux, le logement, le transport, la situation familiale des professeurs et de leurs collaborateurs, et de cesser de retenir l’IPR [Impôt professionnel sur la rémunération] sur une rémunération insignifiante et difficilement acquise. Fatigués par les discours démagogiques et forts du constat qu’il y a dans ce pays une catégorie qui a tout à gagner et une autre qui a tout à perdre, les professeurs de l’Unikin conditionnent toute reprise des activités par la satisfaction de revendications ci-haut énumérées ».