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SÉCURITÉ

Algérie: la disparition du général Gaïd Salah ouvre le champ des possibles

En Algérie, le général Ahmed Gaïd Salah était l’homme qui avait ouvert un bras de fer avec les protestataires en durcissant leurs conditions de manifestation, et celui qui avait orchestré la présidentielle de ce mois de décembre, largement boycottée. Son décès soudain va-t-il rebattre les cartes du jeu politique ?

Les commentaires sont encore prudents, et les analyses divergentes illustrent la difficulté d’anticiper à ce stade l’ampleur des conséquences que vont avoir le décès d’Ahmed Gaïd Salah.

Le commandement militaire qu’il incarnait exerce depuis des années le pouvoir politique en Algérie. Et ce, plus que jamais depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika. Son successeur va-t-il faire évoluer ce rôle ? Et laisser plus de marge de manœuvre au nouveau président Tebboune ? Certains, comme le journaliste Akram Kherief, pensent que c’est inévitable.

Du changement d’agenda de l’armée dépendra la marge de manœuvre qui va être dévolue au chef de l’État, et une ouverture du jeu politique. Pour le chercheur Jean-Pierre Filiu, la disparition d’Ahmed Gaïd Salah ouvre le jeu. Mais celui-ci aura-t-il la volonté de se démarquer de la tutelle militaire pour s’imposer comme un interlocuteur crédible aux yeux des manifestants ?

Tout dépendra des signaux qu’il enverra, et de sa volonté d’aller vers une solution politique négociée. Madjdid Benchikh, spécialiste du système politique en Algérie, espère qu’il facilitera la transition et saura prendre en compte les demandes du soulèvement populaire.

Un espoir de changement pour le Hirak

Pour Saïd Salhi, membre du Hirak, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l’homme, la mort d’Ahmed Gaïd Salah peut laisser espérer une évolution du pouvoir au sommet de l’État.

« Cela posera aussi certainement des questions à l’avenir, autour du rôle de l’armée dans la transition, de la place de l’armée au gouvernement, estime-t-il. Il faut noter que le chef de l’état-major est aussi vice-ministre. Est-ce que ce poste va être reconduit au gouvernement ? Toutes ces questions restent posées. »

« Je pense qu’il y a une prudence générale qui s’installe aujourd’hui, avec la désignation récente du président de la République, poursuit-il. Avec cette nouvelle donne, il a maintenant les coudées franches. Toute la responsabilité retombe sur lui, pour les solutions, pour le dialogue, pour la transition. Les regards sont braqués sur lui. »

Saïd Salhi appelle la population algérienne à la retenue pendant la période de deuil national pour Ahmed Gaïd Salah. Ce vendredi sera le 45e vendredi de contestation contre le pouvoir algérien.

À lire aussi : L’élection présidentielle en Algérie : une duperie ?

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