Au Conseil de sécurité de l’ONU, une réunion à huis clos, demandée par la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et la Guinée équatoriale n’a débouché sur aucun accord, concernant la Libye. L’idée, portée par l’Union africaine et les pays du Sahel, était de nommer un émissaire conjoint ONU-UA, mais les Européens et les États-Unis ne veulent pas en entendre parler.
À New York, lors de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, avait déjà porté la voix des Africains pour promouvoir, avec insistance, ce changement d’approche. Une nouvelle stratégie qui avait été déjà demandée en juillet lors du sommet de l’UA, à Niamey, puis répétée par plusieurs chefs d’État ouest-africains à la tribune onusienne, mais en vain.
Une proposition de peu d’intérêt, selon Paris
Car les pays européens, notamment la France, avaient repoussé cette idée. Une source diplomatique française avait même affirmé que la proposition d’un émissaire africain, à la place du Libanais Ghassan Salamé, n’avait que peu d’intérêt. Enfin, il y a deux jours, les États-Unis ont fait savoir qu’ils continuaient de soutenir l’envoyé spécial d’Antonio Guterres.
Constat de désaccord
Dans ces conditions, il était évident que la réunion de ce mercredi ne pouvait que déboucher sur un constat de désaccord. Le projet de reprise du leadership par l’UA ne passe pas auprès des pays qui ont aujourd’hui la main sur le dossier libyen, surtout pour la France, l’Italie et l’Allemagne. Selon des diplomates cités par l’AFP, il est reproché à l’UA l’absence d’implication de l’UA sur le terrain en Libye – son représentant étant présent en Tunisie et pas à Tripoli. Ces mêmes sources évoquent aussi le peu de réactions de l’UA aux rapports bihebdomadaires qui lui sont envoyés par Ghassan Salamé.
Des frontières avant tout africaines
Néanmoins, pour défendre son projet, l’organisation africaine met avant tout en avant le fait que cela fait bientôt dix ans que les Occidentaux sont impliqués en Libye. Et que le bilan de ces dix ans, c’est l’échec. En effet, les initiatives diplomatiques du plan Salamé, mis en œuvre par les Européens, patinent toujours, alors que les combats continuent sur le terrain.
Ensuite, l’UA fait valoir le fait que la Libye est un pays africain et que les conséquences de la désintégration de la Libye se font sentir en Afrique, et particulièrement dans le Sahel. Enfin, les responsables de l’organisation estiment que toute solution politique pour une sortie de crise en Libye ne peut pas se passer de l’avis des Africains. « Après tout, ajoute une source diplomatique africaine à New York, les frontières de la Libye bordent la Tunisie, l’Algérie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l’Égypte. Pas la France et l’Allemagne. »