Depuis des mois, la tension est forte entre l’État central à Mogadiscio et la région du Jubaland, en partie contrôlée par les shebabs. Ahmed Madobe a été réélu à la tête du Jubaland pour un troisième mandat en août mais il n’a été intronisé que ce samedi 12 octobre. Le pouvoir central ne reconnaît pas l’élection et souhaite un nouveau scrutin. Ahmed Madobe a toutefois tendu la main à Mogadiscio.
Il a fallu presque deux mois pour qu’Ahmed Madobe soit intronisé. Mais même si Mogadiscio a tout fait pour empêcher la cérémonie, l’homme s’est voulu conciliant. Il a appelé au compromis, avant d’inviter le président somalien Farmajo, à venir ce dimanche dans la capitale du Jubaland, Kismayo, afin qu’ils règlent leur différend.
Une volonté d’apaisement alors que le pouvoir central a interdit les vols directs vers Kismayo et obligé les pilotes à passer par Mogadiscio pour des contrôles de sécurité. Plusieurs personnalités ont même été empêchées de rejoindre la cérémonie.
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Une tactique qui a entraîné une nouvelle crise entre l’État central et la région, puis une fronde. Députés, anciens présidents somaliens, mais aussi des représentants kényans, ont assisté à l’intronisation, après avoir violé les directives de Mogadiscio. Ils ont volé directement vers Kismayo, sans faire escale dans la capitale somalienne.
Un défi lancé à l’État central avec derrière des enjeux énormes qui touchent à l’essence même du système politique somalien. La Constitution est floue sur le partage du pouvoir fédéral. Or, le président Farmajo veut limiter les prérogatives des régions, qui, elles, souhaitent davantage d’autonomie. En coulisses, deux pays se livrent une bataille d’influence : le Kenya, allié du Jubaland, et l’Ethiopie qui soutient l’État central. Les analystes espèrent un règlement rapide de ce différend, car la moindre étincelle pourrait dégénérer en conflit armé.